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Les voyages du Mayero

Kastou la belle ou les facéties d’Eole

Voyage 2000

Mots-clés : equipage, mouillage, Grèce, Ionienne (mer), coup de vent

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Les souvenirs de notre précédent passage différaient selon chacun, mais tous les membres de l’équipage étaient partants pour revenir à cet endroit qui avait laissé une impression très agréable.

Oui, c’était bien là que la dame menait son troupeau de moutons sur un petit sentier caillouteux, que Belos aimait baragouiner en français et nous avait présenté son île avec amour, que nous avions découvert un ancien moulin à vent dont le mécanisme était quasiment intact, que les habitants n’avaient pas encore l’eau courante…

Pour cette première approche de l’île cette année, nous choisissons une baie inoccupée puisque nous souhaitons nous isoler un peu de tout ce qui fait du bruit. Il fait chaud. Nous avons ancré le Mayéro par l’avant et amarré à terre au moyen d’un bout. Vu les évènements de la veille, le matelot conseille à son capitaine de placer une ancre supplémentaire à l’arrière, tenant compte des vents dominants. Cette proposition est adoptée: on ne sait jamais!

Nicolas pose le filet et Marion sa nasse. Puis pêche à la ligne, plongée, jeux dans l’eau, … tout va bien!

Tout va bien jusqu’au moment où Eole le grand se manifeste et ,surprise, il forcit à l’opposé des prévisions; départ en catastrophe car nous avons chassé très vite. La baie est étroite, nous larguons rapidement l’amarre flottante et l’ancre arrière munie d’un pare-battage. Nous remontons l’ancre avant et Marion sa nasse. Nous nous déhalons au moteur et nous voilà hors de danger. Oui mais comment et quand récupérer notre matériel? Quelques secondes de réflexion et la décision est prise: Nicolas prend l’annexe et va rechercher l’amarre à terre puis l’ancre légère avec son flotteur et enfin son filet avec 4 beaux poissons pris dans les mailles. Retour du champion à bord grâce à de vigoureux coups de rame.

En sortant de la crique, nous constatons avec étonnement que le vent dominant est à 180° de celui que nous avions quelques minutes auparavant! Pour plus de tranquillité nous mouillons dans l’entrée du port de Kastou distant de quelques milles et par chance, peu de bateaux sont là. C’est la fête pour Marion qui trouvera ici taverne et glaces!

Nuit calme.

Chantal en randonnéeLe lendemain, petite rando des parents pendant que les jeunes se livrent à leurs jeux nautiques favoris. Pour ce midi, la soupe de poissons nous attend. Ce soir, c’est sûr, nous mangerons à la taverne. De toute façon, il n’y a pas d’épicerie sur l’île et l’unique boite aux lettres existante n’est plus relevée depuis longtemps. Seul lien avec le continent: une navette journalière et le téléphone. Belle après-midi avec une belle brise pour rendre la chaleur très supportable. Et la journée s’achève tranquillement. Marion et sa mère se sont mises belles (dixit le capitaine) pour aller à la taverne mais le vent se lève; nous ne sommes pas pressés, nous irons plus tard.

Oui, mais plus tard, Eole donne de sa puissance plutôt méchamment: le vent tourbillonne dans le port, les bateaux ne savent plus dans quel sens tourner; nous faisons du 360° et les surventes sont tellement fortes que notre Mayéro, pris par le travers, tire sur son mouillage de façon très inquiétante: l’ancre tiendra-t’elle?

Evidemment, pendant ce temps tous les équipages sont sur leurs ponts et essaient, autant qu’ils le peuvent, de faire face à ce phénomène étonnant.

La nuit est tombée. Plusieurs voiliers ont décroché et c’est la pagaille. A la barre, pour maintenir, autant que faire se peut, l’étrave face au vent, le capitaine a l’impression que son bateau est en train de labourer tous les champs de possidonies alentours avec son ancre soc de charrue. Tout en restant vigilant à l’étrave, Nico admire les effets produits par le vent sur la surface de l’eau.

Marion n’aime pas les coups de vent et elle essaie de jouer pour se rassurer. Mais au plus fort de la tourmente, le traitement n’a plus d’effet. Alors notre fille, qui n’est pas du genre à céder à la panique trouve la parade: elle prend son plus beau papier à lettres et elle couche par écrit ses impressions fortes du moment.

Chantal qui prend toujours ce genre de situations avec «un certain fatalisme et une grande sérénité» (dixit l’équipage) maintient la bonne humeur à bord, soutient sa fille tout en restant prête à jouer son rôle à l’intérieur du bateau (ranger, démarrer le moteur, etc…) C’est à ce moment que plusieurs claques encore plus impressionnantes que les précédentes, font coucher le Mayéro et retournent comme une crêpe l’annexe pourtant munie de son moteur.

Branle-bas de combat, Nicolas se précipite sur l’annexe, Chantal entendant le mot «moteur», démarre instantanément, Jean-Marie tente alors de remettre le bateau dans le lit du vent. Marion quoiqu’un peu chamboulée, va aider son frère. Dès que le moteur est saisi, il est rincé avec la meilleure eau douce du bord (celle que les jeunes avaient transbordée à Vliko à l’aide de petits bidons, grâce à l’annexe, juste retour des choses…); purge partielle entre deux rafales, l’annexe continuant à se retourner à plusieurs reprises.

Il faudra plusieurs heures de veille avant que chacun puisse se restaurer sommairement et retrouve le calme de la nuit puisqu’Eole, sans doute fatigué de nous amuser a enfin décidé d’aller secouer d’autres mouillages. Tous les bateaux éparpillés autour du port peuvent à nouveau s’ancrer sans risque de déraper. L’ancre du Mayéro , quoiqu’à plusieurs dizaines de mètres de sa position initiale, a tenu mais a tracé de grands signes cabalistiques sur les fonds.

Chantal

Note du capitaine : Nous apprendrons par la suite que cette mini tornade que nous avons vécue serait sans aucun doute la conséquence d’un grand incendie qui s’était déclaré dans le nord de notre position sur le continent. Un grand nuage rose avait précédé le coup de vent. Or des témoins, dignes de foi, avaient remarqué qu’un phénomène de même nature s’était formé au-dessus des garrigues en feu et qu’il s’était déplacé vers le sud.

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