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Les voyages du Mayero

Les bateaux d'avant...

Les bâteaux d'avant

Mots-clés : Mayéro

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les Bateaux de Jean Marie

L’envie de partir sur la mer m’est venue très vite… Se baigner avec les copains, monter des châteaux de sable , aller à la pêche à pied à marée basse, prendre le percheron et le banneau avec un ancien du coin pour ramasser le poisson pris dans les grandes pêcheries qui existaient alors du côté de Granville ne me suffisaient plus. Alors que j’ai une dizaine d’années, je réalise un radeau avec des amis … Des tonneaux trouvés sur la plage, du bois flotté, des bouts de ficelle, un manche pour le mât, un vieux drap en guise de voile, et vogue le navire… Il n’ira pas loin et pour sauver l’honneur, je le soutiendrai par-dessous aussi longtemps que je pourrai pour le maintenir à flot. Peine perdue… Cet échec ne me laissera pas amer, au contraire. La mise à l’eau avait créé l’événement sur la plage et personne a priori ne s’était moqué de notre tentative avortée. Je me promets alors de m’y remettre un jour.

première tentative connue

Quelques années plus tard, je m’embarque sur un coquillier de Granville avec le père et le fils Maine. Nous pêchons au-dessous de Jersey sur le banc des Boeufs et près des Minquiers: casiers pour les rans, grage pour les praires, et même essais de filets à crevettes dans la baie du mont Saint-Michel… Le travail est intense mais je me passionne. Je passe une bonne partie de mes vacances à bord pendant plusieurs années. Je prends de l’assurance et suis curieux de tout. Un jour de coup de vent d’ouest, nous sommes les seuls à sortir du port. Le patron me confie la barre et va se coucher dans sa bannette ainsi que son fils. Je suis seul pour mener le bateau sur le lieu de pêche pendant que l’équipage se repose. Les creux sont impressionnants et la barque de 10 mètres est secouée en tous sens . Je sors transformé de cette expérience: la confiance qu’on m’accorde alors ( j’ai à peine 16 ans…) et le plaisir de naviguer dans ces conditions m’ont donné la motivation et la force de m’engager dans la vie adulte. Mais avant tout je comprends que j’ai le virus de la mer. Mes parents ne voient pas d’un bon œil que je devienne pêcheur. Et la famille Maine s’oriente vers la conchyliculture et vend le bateau. L’idée de reprendre la mer me taraude. En 1971 mes premiers sous gagnés, avec Jean-François, un copain, j’achète un Bélouga au nom prédestiné : Reder Mor, “coureur des mers” en breton . Je n’ai jamais fait de voile mais un jeune Malouin se propose de nous aider à le ramener de Carantec jusqu’à Cherbourg. De nuit, malgré une belle brise, nous dérivons vers le plateau des Minquiers . Mon co-propriétaire s’est réfugié dans sa bannette, notre mentor panique. Je prends la main et nous sors de cette galère de justesse: mon cours de navigation et de voile est terminé. Deux jours plus tard, alors que notre pote breton a débarqué, je prends mon premier coup de vent à la voile: l’aventure commence réellement.

belouga Réder morreder morarrivée à Cherbourg vent arrière

Formidable Bélouga qui m’aura permis de découvrir en famille les îles Anglo-Normandes et les petits ports à marée de Normandie et de Bretagne. Quasiment tous les week-ends et les vacances seront réservés à la voile. J’apprends, j’apprends. Je tombe à l’eau deux fois, et je m’en tire. Je maîtrise de mieux en mieux les courants de marée, la lecture des cartes, les longs surfs voile arrière dérive relevée… Époque bénie où les pêcheurs se détournaient en mer pour nous saluer! Je n’avais pas d’assurance, pas de port d’attache, il fallait tout faire par moi-même… Mais le Reder Mor est vieux et fragile et le puits de dérive ne résiste pas aux contraintes du prés serré: résultat l’eau rentre de plus en plus et nous coulons une nuit à Barfleur, une autre fois à Port-en- Bessin, une troisième à Courseulles. Je passe beaucoup de temps à pomper et mes balades en solitaire sont des vraies épopées. Mes réparations n’y suffisent plus; la structure est atteinte. Je ne vois plus le co-propriétaire depuis longtemps: il n’est jamais revenu après la balade inaugurale; il rêve de gros voiliers en grattant sa guitare et en lisant des récits de voyage. Fin 1975, ma décision est prise, je change… Je craque pour un Grand Cap de 22 pieds, en sandwich de balsa, avec une bonne quille, à monter soi-même (association des Cap Corse). En 7 mois j’en viens à bout malgré un sinistre qui fait s’envoler en fumée une grande partie du matériel stocké dans un grenier. Tout le temps de la construction j’ai rêvé de goûter une bonne bière anglaise dans un pub à Guernesey. A peine le Soreide(*) dans son élément je pars pour les “Anglo”( *c’est le nom de ma nouvelle acquisition). J’arrive de nuit et commande enfin ce breuvage tant espéré: un barman stylé et flegmatique me sert. Mais il me réclame le montant de la note. C’est le hic: il refuse les francs et je n’ai pas de monnaie anglaise. Sans un mot, il m’enlève le verre. Le fou rire me prend. Je sors pour échanger à prix d’or quelques devises françaises. Revenu beaucoup plus tard dans l’estaminet, je présente les sous et demande ma bière qui est posée sur une étagère. Toujours silencieux et pince-sans-rire, il attrape un nouveau bock et le remplit à la tireuse. J’en suis baba. Ce souvenir peu banal restera lié au Soreide… D’une solidité à toute épreuve, assez rapide à toutes les allures et manœuvrant, mon nouveau voilier me permet de rejoindre enfin la perfide Albion et d’affronter la mer du Nord. Je pourrai sans encombres me sortir de rochers en face Barfleur où un équipier malheureux avait conduit le bateau pendant mon sommeil… Il ne fallait pas compter sur le moteur hors bord: un “Seagull” de 6,5 cv qui était facile à réparer mais qui tombait toujours en panne au mauvais moment. Le Soreide a eu son heure de gloire; une carte postale du port de Cherbourg où il était représenté avec son capitaine est restée longtemps dans les présentoirs de la ville… Nous avons même eu le ruban bleu du port de Grancamp plusieurs années de suite pour le plus grand nombre de milles parcourus en 365 jours.

Le Soreidela carte postale de Cherbourg

En 1982, j’arme un voilier suédois classique de 28 pieds qu’un copain restaure. Notre objectif premier: les Açores… Mais mon co-équipier ne respecte pas les échéances ni les sorties d’entrainement d’hiver, sous prétexte de travaux importants à bord… En fait il a peur et la veille de partir il m’annonce qu’il ne peut plus partir… Pas de cela, Lisette.. Je me suis beaucoup investi sur ce projet et j’ai pris un congé de 2 mois… Après une dizaine de jours à travailler d’arrache-pied, nous mettons les voiles. Les deux premières semaines s’effectuent dans des conditions difficiles, coups de vents d’ouest à répétition avec un bateau qui ne remonte pas au vent et un équipier zombi, n’est pas évident. La suite sera plus facile mais nous n’irons qu’en Espagne et à la frontière portugaise. Peu importe c’est la première fois que j’effectue des étapes dépassant 4 jours et que j’affronte le golfe de Gascogne… Ce qui est sùr , c’est que je n’aurai plus de bateau qui ne remonte pas au prés.

dans le golfe de Gascognedans le golfe de Gascogne

A partir de 1982, je prêterai le Soreide à l’association Educanaute que j’ai fondée et dont je serai le président pendant 10 ans . De nombreux stages à bord permettront à des dizaines d’adhérents de se former: certain(e)s deviendront chef de bord. D’autres iront au bout du monde… L’association l’acquérera définitivement plus tard. Mais ceci est une autre histoire!

L’intermède Educanaute: association ouverte à tous, elle a compté rapidement plus de 120 membres actifs. Hormis le Soreide pour la croisière, elle a eu de nombreux autres bateaux: petit ketch de 20 pieds et Caravelles pour l’apprentissage, Cavales pour la randonnée nautique… nous gérions régulièrement une flotille de dériveurs pour les premières étapes d’apprentissage. Nous dispensions des cours pour les permis A et B. Des jeunes ont lancé un groupe de randonnée en kayak. Et surtout, l’association a totalement restauré deux vieux gréements: une pilotine anglaise de 1910 et la dernière chaloupe à voile construite à Port en Bessin (1942, guerre oblige…). Moments de découverte et de formation pour tous, l’association gérait, en outre, des ateliers thérapeutiques pour des personnes ayant des problèmes psy, animait des stages d’insertion pour des jeunes en difficulté, recevait des jeunes du monde entier lors de sessions internationales. Jusqu’à 5 permanents ont assuré le suivi des actions. 5000 personnes ont assisté à la mise à l’eau de la chaloupe en 1991, en présence des vieux gréements de la région.Tout au long de cette aventure, de nombreux membres ont pris des responsabilités et certain(e)s ont résolu leurs difficultés. Un grand merci à la mer qui nous a portés dans ce projet.

brochure Unionl'UnionLe seacroft

Je passais bien sûr beaucoup de temps sur les bateaux de l’association . Pour remplacer le Soreide, pour continuer à sortir en famille nous avons eu l’épisode Caragogne. Facile d’entretien, très maniable, munie d’un lest ,transportable, cette cousine de la Caravelle en a toutes les qualités plus deux: elle est pratiquement inchavirable et elle dispose d’une petite cabine à l’avant.

la caracogne La Caragogne

Je retiendrai les belles navigations et inoubliables parties de pêche mais aussi la descente de ma voiture dans l’eau lors d’une mise à l’eau avec la remorque.Sans oublier une balade de notre demoiselle qui avait rompu ses amarres et qui s’est pavanée durant plusieurs jours dans un coup de vent de 8/9 devant le port du Havre. Nous l’avons récupérée plus tard et elle n’avait pas souffert.

chantal Les bateaux avec Chantal:

en 1986 je cherche à racheter un bateau rapide et solide pour envisager des croisières plus longues. Mon choix se porte alors sur un Coco d’occasion (voilier de 6,50 m conçu pour des grandes traversées). Chantal, ma compagne, rentre alors dans le jeu et se propose de participer au prochain achat à condition que le voilier soit plus spacieux. C’est un peu une surprise: Chantal a découvert la voile avec son père sur un Vaurien et si elle est sortie quelques fois sur mes précédents bateaux, on ne peut pas dire que cela a été le coup de foudre.

vaurien Le Vaurien

Mais sans doute lassée par mes absences répétées, elle décide de me rejoindre. Et c’est avec détermination qu’elle apprendra les secrets de la navigation lors de cours familiaux, et qu’elle vaincra ses appréhensions et son mal de mer persistant. Nous nous tournons vers un Brise de Mer 28 en forme. C’est une pure merveille qui aime la bonne brise et ne rechigne pas à tailler du prés dans les coups de vent. Tout le temps où nous aurons le “Brise de Mai”, car tel est son nom, nous nous régalerons: rentrée au spi dans le port de Cherbourg, déboulés en vent arrière dans du 6/7, c’etait sans doute à l’époque un des meilleurs voiliers dès que le vent montait. Le petit moteur n’était pas souvent sollicité. Lors d’un des nombreux stages effectués pour Educanaute, Jean-Marie avec un équipage totalement inexpérimenté a passé le raz de Barfleur contre un vent soudain de 45 noeuds, lors d’une grande marée. Le Brise de Mai rentrait dans les vagues déferlantes tout en continuant d’avancer au prés et de quelle manière. Nous arriverons sans encombre mais le changement de voile d’avant a été très scabreux avec des moussaillons hors course. Nous nous décidons alors d’adopter le génois enrouleur. Notre dernière fille Marion, conçue à bord, connaîtra son premier fort coup de vent sous Jersey à l’âge de trois mois. Mais une bonne tétée au sein maternel dans le cockpit à l’abri d’un ciré rendra ce moment très supportable… La Manche devient notre grand jardin et la navigation est tellement passionnante dans cette région, qu’à l’instar de beaucoup de marins locaux elle suffit largement à notre bonheur…

le brise de MaiChantal dans le Brise de Mai

Année 1990, l’équipage familial est prêt et nous allons disposer de plus de temps pour naviguer maintenant que Jean-Marie va se désinvestir de l’association. Nous cherchons donc un voilier plus grand/ un Romanée ferait bien l’affaire… Mais les prix sont exhorbitants et les occasions pas toujours en parfait état. Le Voyager 35 Mayero sera un choix de raison pour Jean-Marie et de confort pour Chantal qui en apprécie le salon de pont et les aménagements.

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