N'en déplaise à notre fils Nico qui nous avait bien mis en boîte lors de l'acquisition de notre bouée , nous vouant aux gémonies de la sédentarisation inéluctable et nous promettant la fin de nos balades erratiques, nous ne regrettons pas notre choix ! Bien sûr, il y a tous les soucis liés à l'entretien du matériel : vérification de la chaîne tous les trois ans par un plongeur ; ajout d'un flotteur supplémentaire, changement des amarres. Il y a également toutes les mauvaises surprises quand nous y revenons après quelques mois de balade ou d'hivernage à terre: occupation par un squatteur indélicat, perte de la perche facilitant la prise du coffre, disparition d'un des deux bouts non flottants, pourtant saisis avec grosses manilles et gros émerillons bien assurés… Sans compter bien sûr le nettoyage et la peinture antifouling de notre "reposoir" à mouettes, j'ai nommé l'annexe en dur permettant d'indiquer que nous occupons bien l'endroit! Je pourrais ajouter que ce petit port est très mal desservi par les bus et qu'il est malaisé de rejoindre Athènes quand nous avons utilisé l'avion pour venir en Grèce. Enfin le tableau ne serait pas complet si j'oubliais d'écrire que depuis le départ de notre ami George et de son bateau dans le nord de la mer Egée, nous n'avons plus de veilleur attentif pendant notre absence…
Et pourtant nous sommes toujours ravis de profiter de cette belle opportunité, même si cet été nous mettrons le Mayero à sec pour réparer cette mauvaise entrée d'eau. Ce bon refuge , dans un cadre idyllique, nous a permis à de nombreuses reprises de pouvoir continuer à profiter de notre voilier pour nous amariner avant les grandes balades, nous mettre à l'abri en cas de coup de vent, de réparations urgentes et même à un moment où le capitaine a eu des pépins physiques assez handicapants, lui interdisant de mener son bateau.
Nous retrouvons avec plaisir le petit épicier, pourtant peu affable à l'ordinaire du genre Droopy quant à l'expression de ses sentiments, qui, maintenant quand il nous revoit, sourit et demande même des nouvelles. Toujours un accueil chaleureux de la dame de la taverna où nous dégustons de si belles crevettes royales pêchées localement, les belles sardines ou les rougets barbets grillés… Elle et son mari ont vécu au Canada, forcément cela crée des liens. Nous regrettons Dimitri,notre maraîcher bio et végan (sauf pour les crevettes royales!!!) dont l'étal de légumes frais ravissait à l'avance nos papilles , mais il reste les vendeurs à la sauvette et nous trouvons encore notre bonheur. Hier nous avons rejoint à pied le bourg voisin , distant d'un peu plus de 3 kilomètres en longeant la lagune et nous avons été reçus par Roméo avec un grand sourire , un albanais qui a repris un caféineon sur la place centrale il y a un peu plus d'un an. Peut-être victime de l'ostracisme des habitants grecs au début, il n'y avait pas grand monde autour de ses tables ; mais nous avons constaté que maintenant, pas mal d'anciens se sont accaparés les lieux pour passer la matinée à discuter. Il nous fait dire bonjour à George et à sa famille qui l'ont aidé à s'installer. Nous sommes revenus les sacs chargés de bons légumes, de vin bio et de bon pain complet. Sur le chemin du retour nous avons entendu les cigales pour la première fois mais une jolie brise s'est levée pour rafraîchir notre balade et depuis c'est à nouveau le silence, hormis les cris de la mutitude d'oiseaux qui vivent dans les canes bordant le plan d'eau… Arrivés sur le Mayero, je me mets à l'eau et je nage tranquillement pour me laver et me détendre après la suée. Je me paie même le luxe d'un petit rinçage à l'eau douce avec le pulvérisateur. Nous apprécions nos pièges à vent pour lire, pour bricoler, pour cuisiner, pour parler avec les amis de passage : rien que du temps gagné, nous sommes bien !
Ce soir encore, nous profiterons du coucher de soleil sur le "pain de sucre" . Il sera splendide : les nuages en forme de filaments couvrent le ciel. Nous saluerons les pêcheurs sur leurs petites embarcations pétaradantes, qui iront poser leurs filets et demain matin, aux aurores, nous guetterons le lever du bel astre et resaluerons ces mêmes pêcheurs qui iront cette fois relever leurs filets. Le spectacle dans la journée continue : dès potron-minet le petit chantier naval s'anime et les propriétaires de bateaux poncent, grattent, réparent, calfatent, peignent accompagnés parfois de musique traditionnelle, voire de chants religieux. Les sorties des embarcations à l'ancienne sur traineau, sont toujours accompagnées d'invectives de toutes sortes et de « malakas » bien sentis, comme pour conjurer le mauvais sort. Des hommes lancent du bord de grandes lignes et parfois attrapent un poulpe : nous le savons car la baie s'emplit des bruits mats provoqués lorsqu'ils sont battus sur des surfaces dures pour les attendrir. Vers 3 heures, tout redevient calme : c'est la sieste… Vers 6 heures les petits canots tourneront à nouveau dans la baie avec des marins qui inlassablement tireront par saccades sur leur ligne de traîne… Les chèvres appellent dans la garrigue et les chiens au loin s'en donnent à "abois-joie"! Parfois quelques courageux se remettent au travail sur le chantier, mais ils sont plutôt rares...
George n'est plus là pour partager les repas, le calvados, les franches rigolades, pour nous aider à trouver des solutions pour nos petits chantiers et à nous présenter à de nouveaux copains, mais nous pouvons compter sur la communauté en cas de problème.
Non pour le moment, nous ne changerons pas de mouillage, d'autant que nous en faisons profiter les amis… qui pour certains nous le rendent bien.d
Mais qui sait combien de temps cette jolie expérience durera, le marin se lasse de tout et il aime découvrir de nouveaux horizons…
9 commentaires
Rédigé par OURANOS (Henri) le 17 septembre 2018
Rédigé par Nico le 20 juin 2018
Rédigé par Jojob le 19 juin 2018
Rédigé par Manou le 18 juin 2018
Rédigé par Mike and Angela le 17 juin 2018
Rédigé par Gérard et Marie-Claire le 17 juin 2018
Rédigé par Cyrille le 17 juin 2018
Rédigé par CHAMPION Henri le 17 juin 2018
Rédigé par Les jylera de KaïtoS le 17 juin 2018
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