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Les voyages du Mayero

Train de sénateur pour causes météo, escale technique et panne de moteur…

Voyage 2016

Mots-clés : moteur, recettes, Argolide (mer), Poros

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Croire que les voiles suffisent pour réussir un voyage en Méditerranée, c’est oublier un peu vite que les anciens avaient inventé les galères pour faire face aux calmes. C’est oublier que les Vénitiens avaient deux types d’embarcations pour faire leurs liaisons marchandes : pour les cargaisons sans grande valeur, ils utilisaient des grosses coques, uniquement propulsées par Éole et réalisaient une seule vacation annuelle entre leur belle cité et Alexandrie à la vitesse moyenne de moins d’un nœud. Au contraire pour tous les objets de grande valeur, comme les épices et les soieries, ils armaient de fines coques rapides qui se jouaient des calmes grâce aux rameurs du Lido, entre autres, qui maintenaient une vitesse moyenne de plus de six nœuds dans les pétoles. Ainsi ces bateaux pouvaient effectuer deux aller et retour dans une saison et pouvaient-ils échapper facilement aux pirates. Voilà pourquoi il est indispensable de disposer d’un bon moteur à bord et que ce dernier fait l’objet de tous nos soins. Notre copain Henri me rappelait il y a peu que le fait « d’oublier » une des tâches à effectuer à ce sujet peut se payer très cher. Ainsi pour avoir remis à sine die le changement de son water block il est tombé en panne, heureusement pas très loin d’un port et heureusement avec une brise naissante qui l’a amené tranquillement au quai où il a pu réparer. Nous pensions vraiment être à l’abri de ce genre de problème et pourtant … En arrivant à Poros depuis Kithnos après un beau parcours à la voile, nous avons voulu démarrer le moteur avant d’embouquer la passe, et que nenni Nanni (*), tout est resté silencieux ! Nous mettons alors à l’ancre à la voile dans une anse à l’abri et nous vérifions tout : batteries un peu déchargées mais sans plus, et le circuit a l’air normal. Nous arrivons à brancher des câbles et après quelques essais infructueux, tout repart. Comme nous avions prévu une escale technique dans cette île bien protégée pendant un coup de vent annoncé, nous aurons tout le temps de faire des essais qui se révéleront tous bons. Mais une expertise s’impose. Je contacte mon ami George qui me conseille un retour en Argolide car il connaît un bon électricien. Nous retenons l’idée car nous voulons que le travail soit sérieux. En 2 ou 3 étapes avec un vent correct pour la première, nous rejoignons Ermioni. Tout se passe bien sauf en fin de parcours quand nous remettons le moteur en route, des sécurités se déclenchent à partir du tableau de commande. Nous arrêtons pour vérifier et profitons d’une petite brise pour nous dépaler doucement vers le port, au cas où… RAS, tout est OK, l’huile, l’eau, la sortie de refroidissement… Nous prenons le risque de mettre notre pioche au moteur avec les sécurités sifflantes. Après échange avec George, nous décidons pour le lendemain de brûler une étape pour nous rendre directement au lieu de RV pour l’expertise. Il nous faut décaniller vite fait le matin, car un fort vent de SE est annoncé et que c’est exactement dans cette direction que le mouillage est ouvert. Tout est paré au lever du jour : annexe remontée, navigation effectuée, taud rangé… et pour rigoler le capitaine avec grand sourire va tourner la clé de contact un peu en avance « on ne sait jamais… ». Le sourire se crispe quelque peu quand il s’aperçoit que rien ne se produit mais alors absolument rien du tout… Nous revérifions tout : les batteries sont pleines (merci panneau solaire…), le circuit est correct mais les câbles cette fois ne serviront à rien… Tout est bloqué de chez bloqué. George, contacté , nous envoie son électricien pour le soir à 18 heures… Nous rajoutons de la chaîne, préparons le bateau pour faciliter tous les accès, établissons une liste en anglais et même en grec des principaux termes liés à notre panne. Mais cette perle rare, nous ne la verrons jamais. Contacté par George qui arrive enfin à joindre à 21 heures 30 l’électricien pour essayer de trouver un autre créneau, il déclare qu’il ne pourra pas venir non plus le lendemain, ce qui mettra notre ami très en colère contre cet artisan hors pair… mais ce qui ne résout en rien notre problème. Heureusement le vent promis sera un peu moins fort et surtout aura l’obligeance de virer sud ouest, ce qui nous préservera de la houle importante qui nous était promise. Conséquence de ce changement de direction du vent, le port et surtout la baie seront envahis le soir par toute une kyrielle de bateaux de location venus de tous les mouillages voisins. Mais les équipages qui tourneront dans tous les sens jusqu’à plus point d’heure auront le bon goût de la jouer moutonnier et de nous laisser tranquilles dans notre coin. Nous aurions été bien en peine de faire face, sans moteur, à cette bande d’hurluberlus qui n’ont pas cessé de sur-patter leurs ancres et de les relever plusieurs fois de suite pour éviter de s’aborder… La nuit se passe et George le matin suivant a trouvé un autre électricien qui sera à bord dans la demi heure. Nous n’osons y croire. Nous sommes échaudés depuis longtemps avec les rendez vous méditerranéens : il faut croire que nous, les gens du nord, nous n’avons pas tout à fait les mêmes notions du temps, de l’heure et de l’engagement pris. George qui ne supporte pas beaucoup ces à peu près appelle cela, entre autres, GMT ou Greek May be Time. Il faut une certaine dose de patience, de persévérance et d’anticipation pour être sûr de biffer toute sa liste de travaux à effectuer à bord, ce qui peut expliquer certains manquements, le capitaine du Mayero n’ayant pas encore réussi à atteindre la sagesse des anciens… Bon revenons à notre électricien : il appelle avec seulement un quart d’heure de retard mais il est sur le quai avec son aide. Je vais les chercher avec l’annexe. Celui qui semble être le patron et qui parle bien anglais me demande de résumer la panne et son historique. Et très vite, il se met au boulot. J’effectue avec l’assistant quelques va et vient entre le Mayero et le quai où se trouve leur voiture, mais l’expertise est réelle et au bout d’une petite heure il découvre le problème : le relais électrique situé près du moteur pourtant bien protégé est complètement bouffé par l’oxydation et la prise est en partie fondue. En fait, de l’eau s’est infiltrée quelques mètres plus haut par le tableau de commande situé à l’extérieur dans le cockpit et a suivi la gaine de protection jusqu’à cet emplacement. Impossible à détecter à l’œil nu sans enlever le ruban de protection . Accessoirement il détecte un mauvais contact au niveau d’une cosse du sélecteur de batteries (monté avant l’achat du Mayero). Il remet tout cela en ordre en un peu plus d’une heure avec de très bons outils , de belles valises de matériel bien rangé ! Ce qui n’est pas si facile car les couleurs des fils du faisceau électrique ne sont pas identiques de chaque côté du relais… En fin de matinée tout fonctionne à nouveau à merveille. Nous avons eu affaire à un vrai pro et le tarif demandé était très correct, même si notre champion pratique ce que notre ami George nomme Monkey Business, autrement dit tout se passe de main à la main, pas de TVA, pas de responsabilité en cas de malfaçon, « ni vu ni connu j’t’embrouille ». Le gouvernement grec augmente les taxes visibles mais il reste quand même un nombre impressionnant de tractations qui se passent de cette façon à tous les échelons. Bon ! l’important pour nous c’est que tout marche et pour remercier George nous effectuons à la voile, presque sans moteur, la trentaine de milles qui nous sépare de son bateau en cale sèche pour lui offrir un vrai repas grec très sympa , mais toujours sans aucune note bien sûr ! (*)Nanni Diesel, marque du moteur du Mayero

Billet réalisé à Porto Heli par 34° dans le Mayero…

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