Nous profitons de cette escale prolongée pour apprécier les charmes de la lagune voisine avec ses innombrables espèces d’oiseaux lacustres qui se sont données rendez vous en cette période: grandes aigrettes, hérons, martin pêcheur, huîtrier, foulques et autres… A notre passage, des centaines de poissons s’éloignent du bord, non sans marquer leur départ précipité par un bouillonnement d’eau et des bruits de clapotis . La pêche est interdite: ceci explique cela. Nous passons chez notre vendeur de couleurs préféré qui comme toujours nous accueille avec un grand sourire et des mots gentils. Nous ramassons ensuite sur la voie, quelques fruits tombés des orangeraies qui la bordent. Arrivés au bourg, après quelques courses chez Maria qui nous aime bien mais sans doute aime t-elle tous ses clients, chez sa voisine russe qui vend des légumes bien frais et dans la boulangerie ou le propriétaire nous pousse la chansonnette en français, nous nous régalons à la terrasse d’un café, maintenant protégée de grands rideaux en plastique en raison de la saison, d’un helleniko sketo micro, autrement dit d’un petit café turc sans sucre, servi par une femme agréable et sympa et partageons un moment de béatitude grecque à l’instar des anciens qui observent la rue en silence pendant des heures. Retour vite fait à bord pour recevoir dignement Eléni et George pour d’un déjeuner mémorable et réussi, semble t’il…
Visite à l’huilerie
Comme beaucoup de familles grecques, George et Eléni ont ramassé les olives de leur jardin. C’est une petite année pour eux, mais la récolte n’est pas si mauvaise. George nous invite à découvrir l’huilerie qu’il a choisie pour faire presser ses fruits. Dès 7 heures du matin, l’entreprise tourne à fond. Pendant plus de 2 mois, elle fonctionne tous les jours, dès potron minet jusqu’à fort tard le soir. Chaque récoltant, qu’il apporte quelques dizaines de kilos avec sa voiture personnelle ou plusieurs tonnes dans des sacs bien fermés avec des camions loués pour l’occasion, est présent pour assister aux opérations. George avec plus de 300 kilos n’aura pas besoin de mélanger sa récolte avec d’autres et sera sûr de récupérer l’huile de ses arbres. Les installations sont déjà très anciennes et requièrent beaucoup d’attentions de la part de leurs propriétaires . L’atelier avec ses outils et ses produits adéquats tient une place non négligeable . Des dizaines de moteurs électriques, alimentés par de gros câbles anciens et commandés par des tableaux de bord dont certains témoins ne semblent plus fonctionner,entraînent les divers éléments de la chaîne . 3 personnes alimentent, gèrent et surveillent sans arrêt cette mécanique compliquée qui réclame une attention constante. Pendant tout le temps où nous serons présents , il n’y aura pas d’incident. Mais la tension est palpable chez tous ces intervenants qui se déplacent sans arrêt le long de cette machine infernale.Après le lavage et le pesage, les olives sont dirigées vers une des trois filières pour être écrasées et être travaillées dans de grande cuves semi sphériques. Puis la pâte ainsi obtenue est chauffée à 35 degrés dans des cylindres ouverts avec malaxage permanent obtenu grâce à une vis sans fin.La chaudière est alimentée avec les résidus obtenus après le pressage. 3/4 d’heure plus tard, la « bouillie » chaude est amenée progressivement dans la presse . L’ huile réapparaît au bout d’un tuyau quelques mètres plus haut dans une centrifugeuse . Il faut imaginer le circuit car bon nombre de tuyaux passent sous le béton. Elle est alors débarrassée de ses impuretés grâce à de l’eau et elle est recueillie ensuite dans une grande bassine en inox . Quand le pressage est terminé, chaque récoltant apporte ses bidons et ouvre le robinet pour les remplir de l’huile ainsi obtenue .C’est le moment tant attendu du pesage de l’huile, celui des promesses tenues ou déçues, et nous voyons bien que George qui a pris tout son temps pour vérifier l’exactitude du poids avec un des employés est satisfait . Il suit le patron dans la cahute fermée et va s’acquitter des quelques euros demandés. Certains payent en nature en laissant quelques litres d’huile. George aime bien venir dans cette huilerie, car il peut suivre tout le trajet de ses olives, sentir l’odeur entêtante , échanger à voix forte pour couvrir le bruit incessant des machines avec toutes les personnes présentes. L’ambiance est vraiment particulière mais nous avons beaucoup aimé .
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