Balade sans histoire, nous voici à bon port. Mais bizarre, bizarre nous sommes seuls. Il y a bien quelques bateaux à l’ancre, mais plus loin, le long de la côte de l’ile principale.Quand nous étions passés, il y a quelques années nous n’avions pu nous arrêter , car il n’y avait pas de place disponible à cet endroit. Amarrage tranquille, baignade et repas d’enfer. Les poissons sont si nombreux autour du Mayéro que Marion propose de mettre le filet. Le capitaine rechigne. Il faut bien l’avouer, l’île a bien mauvaise réputation, il s’en rappelle maintenant: pour plaisanter nous l’avions surnommé “l’ile aux rats”, en référence aux instructions nautiques anglaises qui signalaient la présence possible de ces bestioles. Est-ce une légende ou une réalité? Dans l’inconnu donc , méfiance, méfiance. “Ne nous lançons pas dans des activités qui risqueraient de nous scotcher sur place”. Les raisons exposées, désormais les conversations vont bon train à ce sujet et les filles jouent à se faire peur. La femme du capitaine temporise . Pourtant ce dernier qui revient d’un petit tour de reconnaissance sur l’ilot n’est pas trop sûr de la nature de certaines crottes qu’il a découverts sur le sable, non loin du bateau. Il avertit l’équipage qu’il envisage donc de dormir sur le pont, armé de la gaffe pour empêcher toute intrusion. Cela fait rire tout le monde et détend l’atmosphère. La nuit va tomber et la soirée se prépare… C’est alors que venu de nulle part, un gros rat gris, galeux et pelé , de cette espèce répugnante au dos arrondi, se dirige sans vergogne en direction du Mayéro. Nous réagissons vivement. Il s’arrête alors, à un mètre de nous , derrière une bitte d’amarrage et nous épie de ses petits yeux pervers et globuleux. Il est maigre et parait affamé mais sans aucun doute il est prêt à sauter sur le bateau. BEURK ET BEURK ! Ni une , ni deux, l’équipage décanille vite fait pour aller mouiller plus loin. Et c’est justement à ce moment précis que le moteur in-bord tombe en panne. Notre voilier dérive alors inexorablement vers les rochers. Le vent est complètement tombé , mais le courant persiste et la nuit est maintenant tombée. Vite, mettre le moteur hors bord sur l’annexe, démarrer au quart de tour, pousser les six tonnes dans la bonne direction, rater un premier mouillage et friser la correctionnelle car l’ancre dérape et le Mayéro veut s’acoquiner avec quelques récifs peu amènes, redémarrer le moteur de l’annexe, tirer à nouveau notre embarcation de ce mauvais pas, prier les dieux grecs pour qu’il reste assez de mélange , réussir un ancrage temporaire, réparer vite fait la panne et enfin trouver un endroit idéal par six mètres sur fond de sable pour mouiller définitivement. Ouf, l’équipage exténué peut enfin se détendre en contemplant le ciel. Mais la nuit sera peuplée pour tous, de mauvais rêves remplis de rats sournois et goguenards.
Chantal et Jean-Marie
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