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Les voyages du Mayero

Maille qui se taille, la taille se détaille

Voyage 2016

Mots-clés : Poros, ancre, guindeau

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Trois ou quatre projets devaient me permettre d’améliorer le confort et surtout la sécurité

  • mettre un pilote automatique pour remplacer le régulateur d’allure tout à fait inopérant en Grèce ;
  • ramener les drisses et bossoirs de ris au cockpit pour éviter les acrobaties sur le pont lors de mes réductions de voile par vent et mer fortes
  • revoir tout le système de mouillage. Tout a été réalisé progressivement…

Le remplacement du guindeau manuel par un électrique et l’échange de mes 30 mètres de chaîne par une neuve de 65 ont été mis en place en premier lieu . Je les ai commandés au chantier et je les ai installés lors de l’hivernage suivant. Il m’apparaissait en effet que ce changement était prioritaire. J’avais à plusieurs reprises frôlé la catastrophe au mouillage lors de changements brusques de vent et il m’était même arrivé de relever six fois l’ancre avant qu’elle puisse tenir correctement.(*) Un travail de titan qui m’avait laissé sur le carreau pendant un bout de temps, alors que j’avais dans la journée même tiré des bords contre un vent soutenu à 6 beaufort ! De plus il fallait plonger à chaque fois pour repérer si l’ancre était bien prise. Je pensais alors (à tort) qu’il suffisait de rallonger la chaîne pour mieux tenir au mouillage. Je ne pouvais m’imaginer que la CQR de 16 kg, la reine des ancres pouvait être accusée de légèreté. Je suis bien sûr revenu sur cette a priori , mon copain Daniel qui avait écrit un article à ce sujet dans Voiles et Voiliers m’ayant gentiment ouvert les yeux. Depuis que je possède une Kobra de 14 kg, je n’ai plus jamais dérapé. J’ai même laissé en réserve la même de 20 kg dans le fond de mon coffre. Je l’avais achetée pour plus de sécurité.

Mais je m’égare, revenons au guindeau électrique et à la nouvelle chaîne. Dès les premières sorties j’ai apprécié le changement mais tout de même un détail d’importance me turlupinait : les maillons avaient parfois tendance à sortir du barbotin (**) et la chaîne se mettait à battre régulièrement. Je m’en ouvrais à des équipages de rencontre mais sans retour probant. Le phénomène revenant plus souvent, l’installation d’une poulie à plat pont entre le guindeau et la pièce d’étrave amena un léger mieux mais ne s’avéra pas le remède efficace. Les années passant tout alla de mal en pis : les maillons n’arrêtaient plus de sauter et toutes nos manœuvres pour réduire les effets navrants de ce qui était devenu le cauchemar du capitaine étaient de moins en moins efficaces  (remonter progressivement le mouillage sans à-coups mais en incluant des pauses… S’aider du moteur en faisant des gestes de plus en plus complexes à la barreuse … ) Bref cette année , malgré tous nos soins, cela devenait ingérable et j’étais bien décidé à remédier de façon drastique à cette anomalie inacceptable sur un voilier où tout est presque parfait et où le mouillage est pratiquement le seul mode utilisé pour faire escale…

Et l’homme providentiel parut ! Jacques a trouvé la solution miracle. Hosanna , allelouia, olé, vive lui. Bon cet homme remarquable n’a quand même pas la science infuse et il avait émis auparavant toutes sortes de propositions qu’il avait lui même mis en œuvre sur son voilier : changer le barbotin qui pouvait être usé (dans son cas cela n’avait servi à rien) ; inverser sa chaîne pour éviter les premiers mètres où les maillons sous l’effort ont toujours tendance à s’allonger (la bonne réponse pour lui). Et j’étais prêt à intervenir de toutes les façons possibles pour ne plus voir souffrir tout ce beau matériel !Et puis un jour, comme cela, autour d’un ouzo parfait, Jacques m’a demandé si j’avais vérifié la taille des maillons de ma chaîne. Il m’explique alors qu’il en existe deux sortes et que les barbotins sont différents pour chacune d’elles. Ni une, ni deux, de retour sur le Mayero, armé de mon pied à coulisse je dissèque un maillon. Madre de dios ! Saperlipopette et cheval de bois ! Le modèle mesure 28 mm de pas intérieur et 34 extérieur et en reprenant la caractéristique du guindeau frappée sur son côté, ils ne correspondent pas. Jacques, mouillé pas loin, apprend le résultat de vive voix et comme il m’avait passé son ancien barbotin, qu’il s’était bien gardé de remiser, il vient m’aider avec son annexe à changer l’objet délictueux. Moins d’une demi-heure plus tard l’opération est terminée. Et les premiers essais sont très concluants : tout se passe merveilleusement bien.

Morales de l’histoire

  • Mon ami Jacques est un vrai magicien et je le bénis, et même s’il connaît mon agnosticisme, cela ne peut pas lui faire du mal !
  • Si vous rachetez un guindeau et ou une chaîne, vérifiez qu’ils sont compatibles. Le responsable du chantier qui m’avait vendu le tout était sans doute de bonne foi mais il ignorait ce détail (et moi donc!). Il est bon de s’informer au maximum avant tout achat. (un petit forum de trois échanges sur STW, l’association des plaisanciers hauturiers y faisait référence, mais il était récent).
  • NE PAS HÉSITER A ÉCHANGER AVEC LES AUTRES ÉQUIPAGES DE SES PROBLÈMES : cela peut rapporter gros et de plus c’est toujours plus intéressant que les sujets qui fâchent ou qui ennuient.
  • Enfin ne jamais rien lâcher : tout problème doit pouvoir trouver une solution et c’est toujours ce qui nous permet d’évoluer… même si des amis comme Jacques seront toujours des modèles inatteignables.

NB: la chaîne ISO4565 taille du pas extérieur 36mm; taille du pas intérieur 30

(*) jusque là c’était Nicolas, le matelot du bord qui s’était chargé de la tâche, notamment lors d’un coup de vent à Syracuse. Mais il faut bien que les enfants du bord s’émancipent.
(**) couronne en métal sur le guindeau sur laquelle viennent s’engager les maillons

Bon tout cela ne doit pas nous faire oublier les quelques jours vraiment sympas que nous avons passé avec Le Drake qui remontait sur Kavala et que nous aurions du accompagner plus longtemps s’il n’avait pas eu du retard et si le temps s’y était prêté. Mais c’était bien quand même.

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