Nous accostons avec l'annexe à l'intérieur du quai et un gardien sympa nous indique le meilleur endroit pour nous amarrer. Nous sommes visiblement les premiers ce matin, à fouler l'endroit. Nous acquittons notre droit d'entrée et pénétrons enfin dans le site dont nous avions tant entendu parlé. Nous l'avions évité conscencieusement jusqu'alors en raison de sa proximité avec Mykonos , siège de la jetset grecque et internationale qui ne nous attirait pas du tout. Je me souviens d'un guide de navigation que m'avait offert un ami avant de partir en Méditerrannée en 1991 qui signalait déjà que le seul intérêt de cette île était de se retrouver sur les champs Elysées , un 14 juillet. Très peu pour nous. Eh bien nous avions tort de faire l'amalgame . George , notre ami grec , nous avait instamment conseillé d'y aller et nous avons saisi l'opportunité offerte par Jacques de nous guider vers ce haut lieu archéologique... L'archipel est très protégé de l'envahissement et il est même interdit de jeter son ancre et de débarquer la nuit sur Délos.
Nous avons été ravis. Tout au long de notre déambulation parmi ces vieilles pierres, nous nous sommes progressivement imprégnés de l'ambiance extraordinaire du lieu. Comme si le dieu Apollon qui y serait né avec sa soeur jumelle Artémis, avait réellement laissé sa marque . Plus nous prenions de la hauteur et plus nous étions charmés par la lumière qui se dégageait de l'endroit. Il faut se laisser aller pour apprécier et comprendre la magie qui opère pendant ces moments là. Nous avions déjà ressenti ce genre d'émotion pendant les visites du colisée d'El Jem , de la ville Punique de Kerkouane près de Kélibia (en Tunisie), de la vallée des temples à Agrigente ou du théâtre de Syracuse (Sicile), du temple d'Aphaïa à Egine ou bien sûr du site de Delphes parmi les oliviers en Grèce... Il est encore des lieux où il est possible de choisir son chemin sans trop de contraintes. Il faut s'y rendre tôt le matin pour éviter le flot des groupes bigarrés et bruyants qui arrivent soit par bus et là en l'occurence par bateau depuis Mykonos, Naxos ou Paros. Il y a comme une espèce d'incongruité à voir arriver dans ces ruines tous ces gens qui suivent leur guide et son petit drapeau et canalise tout son monde dans des circuits bien établis. Nous aurons eu un peu plus de 2 heures pour nous seuls. Ensuite nous fuierons rapidement vers le mont Cynthe et le temple d'Apollon pour apprécier encore plus la majesté et la situation étonnamment centrale de Délos dans les Cyclades. Même si la brume matinale , assez fréquente en ces lieux, nous empêche de distinguer les détails des grandes îles environnantes, nous devinons aisément les formes de Syros, Naxos, Paros...
Indéniablement Délos, de par son emplacement privilégié, pouvait être au coeur des échanges en mer Egée. La proximité de Rinia et sa grande baie, le passage relativement protégé pour accéder aux deux ports qui existaient sur Délos expliquent en partie l'importance du site. Autre clé de compréhension du choix de l'endroit par les anciens: dans presque toutes les villas , dans les temples, il y a des puits. Le lac sacré qui occupait un grand périmètre atteste la présence de l'eau. Les fouilles ont permis de révéler l'existence de nombreux jardins sur toute la surface de l'île. Il n'est donc pas impossible qu'il y ait eu entre 6000 et 25000 habitants selon les époques même si nous pouvons penser que de nombreux approvisionnements étaient importés. A côté du port sacré, les restes du port de commerce démontrent son importance... Nous terminerons cette belle matinée par le musée... Nous ne sommes pas seuls et il est sûr que nous n'apprécions pas à leur juste valeur les richesses exposées. Les kouroi, peintures murales, objets de culte(...) sont manifestement uniques mais dans la bousculade, nous passons trop rapidement et le peu d'informations qui accompagne cette présentation n'aide pas... Nous rejoignons le port et comme pour marquer une sorte de respect à ce que nous venons de découvrir, le moteur hors bord ne démarre pas... C'est donc dans le silence et à la rame que nous rejoignons notre bord. La tête encore remplie de cette belle expérience nous remontons tranquillement l'ancre et embouquons même le chenal de 2 mètres de profondeur , alors qu'habituellement le capitaine ne se risque pas dans ce genre d'aventure. En Manche avec les marées et les courants , nous avons l'habitude de respecter un grand pied de pilote, et nous contournons largement les caps et laissons les côtes assez éloignées de la route...
Nous rejoignons Paros où nos retrouvons Belle Lurette
(*)Jacques avait tenu à nous faire découvrir cette baie immense où des centaines de bateaux peuvent y trouver refuge,
Le piège à rats de Despotiko
Jacques il y a quelques années s'était fait piéger dans cette magnifique baie au sud d'Antiparos. Il avait manqué de ce fait Milos et l'année suivante nous nous étions fait fort de l'accompagner dans cette île qui se refusait à lui depuis fort longtemps. Nous avions réussi à vaincre le signe indien, même si le vent fort nous avait cantonnés de longs jours dans le mouillage sud de cette immense baie, éloignés de toute possibilité de débarquement en ville. Nous avions profité d'une calmie d'à peine une journée pour lui faire découvrir en voiture, des richesses que nous mêmes avions précédemment mis 15 jours à mettre en évidence. Cette année il avait déjà bien payé sa dette en nous ouvrant la route de Délos. Mais il était dit qu'il ne s'arrêterait pas là...
Comme il attendait un ami quelques jours plus tard, il ne souhaitait pas s'éloigner trop de Paros. J'avais plutôt envie de nous faufiler dans les petites Cyclades. Mais Chantal a une idée: pourquoi ne pas découvrir le lieu qui avait retenu Jacques si longtemps . Honnêtement je ne suis pas contre, j'aurais enfin la possibilité d'embouquer le chenal qui y mène. Comme à Délos il y a un passage avec deux mètres d'eau. Il fait beau , Jacques est d'accord pour nous ouvrir à nouveau la route. Tout se passe bien et avec le calme nous profitons au mieux de ce mouillage immense où l'arrivée de bateaux de touristes à la journée passe pratiquement inaperçue...Au troisième jour, Belle Lurette nous quitte pour rejoindre le principal port de Paros pour préparer l' accueil de son copain. Nous décidons alors de rejoindre par une autre route des iles où parait-il il y a un mouillage de rêve (Info de Thierry de Troll) . Mais pour s'y rendre la mer est vraiment mauvaise et le vent debout n'est pas maniable. Nous imaginons le pire dans le paradis. Nous rebroussons chemin et retournons à Despotiko. Nous choisissons un endroit au nord pour se protéger du vent venant de cette direction. Bien mal nous en a pris : des rafales impossibles nous ont pourri la vie. Déjà le jour , nous avons essayé en vain de trouver un meilleur endroit mais quand la nuit fut venue, les éléments se sont vraiment déchaînés et le Mayéro en tirant des bords sur son ancre, se cabrait dans tous les sens et le bruit infernal du gréement ajouté à la crainte de décrocher l'ancre ne nous a pas laissé de répit . Des pêcheurs se sont rapprochés tout près de la côte juste devant notre voilier et ainsi ils évitaient le plus fort des grains. Au matin , ils nous ont bien salués et ils n'avaient pas l'air fatigués, eux... Nous , nous l'étions , mais plutôt que d'affronter à nouveau cet enfer, nous avons choisi la mer, surtout quand Jacques nous a envoyé par message que 15 milles plus au nord, il n'y avait pas de vent et que la mer semblait assez calme. A peine sortis de la baie, presque plus de vent en effet et la mer était peu clapoteuse. mais il ne faut rien exagérer: la traversée ultra rapide pour l'île suivante ne fut tout de même pas de tout repos: mer agitée et force 5 au travers avec un ris dans la grand voile, le Mayero a fait de belles embardées. Et la baie sud de Sifnos où nous avons posé notre pioche est elle aussi rafaleuse. Mais nous étions sortis du piège à rats de Despotiko et vu la météo prévue pour les jours à venir c'était vraiment bien!
4 commentaires
Rédigé par Nico BD le 23 mai 2018
Rédigé par claude Verdier le 23 mai 2018
Rédigé par celine le 22 mai 2018
Rédigé par Jylera KaïtoS le 22 mai 2018
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