Et pour cause, après avoir scruté soigneusement aux jumelles toutes les marques et signes distinctifs sur les flotteurs, nous découvrons qu’un bateau grec s’est approprié ceux qui portent le nom Mayero. J’avais un mauvais pressentiment, et je l’avais exprimé avant de rentrer dans cette magnifique baie. Ce qui bien sur avait fait sourire Chantal. Il n’empêche notre déception est grande. Et pourtant , quelques temps auparavant, notre ami Daniel avait utilisé notre mouillage sans encombre. Pas de panique, mais tout de même je prends contact avec notre ami et mentor local George. Absent depuis plusieurs semaines, il révise son voilier dans un chantier naval et vit donc à bord. Immédiatement, il nous propose de prendre son mouillage qui est libre encore quelques jours. Ce que nous faisons aussitôt. Mais la solution est temporaire, bien sûr. George nous rassure en déclarant qu’il n’y a pas « de situation impossible à résoudre dans la vie ». Un peu sceptique tout de même , je descends l’annexe et me rends illico presto auprès du petit chantier naval sur la berge où quelques barques de pêche se refont une beauté. Le propriétaire qui nous a vus tourner, me reçoit fort civilement, m’entraîne à l’ombre , me fait asseoir et me verse un grand verre d’eau fraîche. Il s’exprime en grec mais je comprends qu’un homme dont il me donne le nom et qui habite un port voisin a laissé son bateau il y a une quinzaine sans plus de cérémonie. Mais il n’a pas son téléphone, il faudra s’adresser à la police. Un échange téléphonique en anglais avec un de ses amis me confirme ce que j’avais déjà compris. Tous les deux me font part de leur total soutien. Je ne peux pas dire que je n’apprécie pas mais je ne me vois pas très bien me rendre à la police pour régler ce problème… George me recontacte et m’engage à prévenir l’homme qui nous a cédé le mouillage car il en a d’autres disponibles. Ni une, ni deux, je m’exécute. Visiblement, celui ci connaît le problème et me propose aussitôt une bouée beaucoup plus proche de la berge réservée au débarquement. Il passera l’après midi en dinghy pour nous saluer et donner ainsi son accord officiel. Ouf ! Nous ne savons pas si cette solution est définitive ou non , mais une chose est sûre, elle tombe bien : notre mauvaise annexe qui ne supporte plus son moteur et qu’il faut regonfler plusieurs fois par jour acceptera plus facilement ces petits aller retour et la tendinite du capitaine ne s’en accommodera que mieux, d’autant que le vent soufflera fort plusieurs jours. Un étrange événement nous confortera encore plus dans ce choix forcé : un grand voilier de location viendra coincer son ancre dans notre ancien mouillage et c’est le squatter qui aura à subir pendant plusieurs heures les assauts répétés du maladroit avant qu’il ne puisse se libérer… Bref s’il y avait un dieu grec ces jours là, il était de notre côté. Autre cerise sur le gâteau, cette petite histoire a fait le tour des gens de mer du coin. Les plongeurs professionnels qui interviendront le lendemain auprès du Mayero et que je contacte en connaissent tous les détails et les propriétaires des bateaux qui sont amarrés autour de nous également et nous font des grands sourires. George n’est pas étonné , il parle « d’un petit monde ». Notre immersion dans le milieu ambiant commence donc sous les meilleurs hospices.
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