Pour tous ceux qui ont rêvé leur bateau durant l’hiver, l’heure de vérité arrive. Ils ont patiemment résolu les problèmes techniques rencontrés lors des précédentes navigations. Ils ont rempli leur sac de la vis ou de l’outil introuvable, de la literie réalisée sur la machine à coudre maison à partir des plans relevés in situ, du répétiteur GPS dernier cri, du renvoyé en usine pour réparation… Tous ces éléments suffiront-ils pour remettre leur com pilote pagnon en état ? Certes non!et c’est heureux . Car la vie n’offrirait pas grand intérêt et manquerait de sel si tout était prévisible. Alors , il faut commencer par établir la LISTE, en prenant le temps de tout noter, d’organiser le sens de la visite, de prévoir ce qui est incontournable et ce qui l’est moins. ET SURTOUT DES CASES A MARQUER D’UNE CROIX quand le travail est effectué pour donner le plaisir aux travailleurs de réduire petit à petit l’ampleur de la tâche à accomplir. Les premiers jours le nombre de croix paraît ridicule par rapport aux cases vierges, surtout que la liste aurait tendance a s’allonger chaque soir pour réparer les oublis. Mais ce qui est vraiment bien, c’est qu’au fur et à mesure que le temps passe, ce qui paraissait un travail de Titans devient maîtrisable et la fierté de pouvoir atteindre la fin prend le dessus sur le stress de ne pouvoir réussir à trouver toutes les solutions. Parfois certains problèmes rencontrés dépassent tellement les compétences des pauvres marins que nous sommes, que le vertige nous prend. Nous avons bien essayé d’ignorer quelques lignes de la liste qui pourtant sont essentielles : c’est que nous avons peine à reconnaître que nous ne savons pas encore comment faire pour brancher la commande du guindeau, changer l’anode du moteur ou enlever le filtre fuel sur le nouveau moteur… Mais magie tout s’arrange : l’arme fatale c’est l’ambiance chantier . Il y a Jean Yves, breton discret, sympa et super compétent en électronique qui laisse des plans de montage hyper clairs et qui passe de bateau en bateau pour apporter son aide précieuse , sa femme Anne Marie qui a toujours de bons trucs à partager, Francis qui a la bonne clé pour le filtre, fier de son fils qui a inventé le Jungle Speed , un autre Jean Yves , qui se dit lui même viscéral, très tonique , direct et efficace , qui, en plus de sa faconde méridionale, de ses coups de gueule plein d’humour, nous fait des petits cadeaux, une paire de gants pour le travail, un CD de musique classique, Emile et Chantal sur leur Endurance 35, qui nous livrent tous leurs secrets de mouillages formidables pour nos prochains périples.. Et bien sûr, tous ceux qui passent sur le Mayero pour nous dispenser leurs conseils judicieux comme Pierre et sa clef pour décoincer le filtre à eau de mer ou Moritz et Sonia pour nous amener un peu d’air frais de Suisse. Et tant pis pour tous ceux qui ne répondent pas aux saluts, qui se drapent dans leur vanité de propriétaires nantis… Et puis il y a les habitants de Léros étonnamment accueillants : le tapissier qui fait des conférences sur la cuisine en mer Egée et qui nous fait découvrir un jardin d’enfer, Yannis le meilleur copain du tapissier qui gère la ferme marine du nord de Léros, Dimitri qui nous réserve le meilleur accueil avec son barracuda en papillote, Kosta le boucher qui a ouvert un restaurant que nous faisons découvrir à nos amis… Aucun d’entre eux eux ne parle anglais ou français mais nous nous comprenons bien. Il n’empêche, cette super ambiance n’empêche pas le capitaine de goûter pour la première fois de sa vie à l’eau du port de façon involontaire. Il le savait que son tuyau d’eau était mal placé et qu’en ouvrant le robinet, il allait tomber à la flotte mais il l’a fait quand même… Il le savait qu’en s’appuyant sur le balcon avant de son voilier, il allait se mettre en position délicate, mais il l’a fait quand même. Il le savait que sa compagne dans le Mayero, un peu assourdie par la musique, ne l’entendrait pas, mais il l’a fait quand même. Un peu difficile alors de rejoindre l’arrière du Mayero pour saisir l’échelle. Heureusement Chantal a entendu les appels du capitaine , a relevé les pare battages à son passage et a descendu l’échelle. Avec le Meltem de plusieurs jours , l’eau était quand même un peu froide … L’histoire a fait le tour du port , mais il faut dire qu’Alain, un copain sur un Feeling 415, avait eu la même mésaventure le matin . Si bien que nous avons alimenté radio ponton pendant au moins deux jours. Nous partons de Leros avec regrets: Baba qui s’occupe de la Marina avait enfin réussi à me tutoyer et Antigone, la gérante, nous a embrassé avec beaucoup d’émotion. Nous reviendrons…
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