Ce n’était pas difficile de se lever tôt, après cette nuit peu propice au sommeil : plus de 30° dans le Mayero et aucun souffle dans nos pièges à vent pour venir nous rafraîchir la peau. Nous suons dans nos bannettes ; nous nous retournons pour trouver un endroit plus frais ; les rares moments d’endormissement sont brefs et les réveils peuplés d’ambiances lourdes et épaisses, la gorge sèche ; nous tentons, alors, de nous occuper l’esprit en reprenant notre bouquin en cours, mais il est bien difficile de se concentrer . Et pour couronner le tout, des moustiques narquois arrivent à déjouer les innombrables obstacles qui d’habitude sont efficaces : spirales, diffuseurs…. Seul remède, se mettre à l’eau… Le bien-être qui s’ensuit est de courte durée… Et de toute façon, Chantal ne se baigne pas. Une douche matinale lui permettra d’oublier les effets néfastes de ce sauna nocturne. Nous sommes partis donc plein d’espoir car vers 6 heures une petite brise s’est levée. Las, la fête sera de courte durée : après une demi heure à presque deux nœuds, les voiles pendouillent lamentablement et la mer est d’huile. Nous convions les dieux de la mer, sans jurer une seule fois. Nous leur offrons en sacrifice un peu d’eau douce et du miel. Mais rien n’y fait : « bien essayé.. » déclare Chantal, une fois le génois ré-enroulé et le moteur relancé. Mais nos prières n’auront pas été tout à fait veines : nous pêchons un barracuda , poisson assez inhabituel dans cette mer Egée jusqu’à ces dernières années. La température monte, monte : nos pieds brûlent sur le pont chauffé à blanc, rien n’étanche notre soif. Nous faisons escale en fin de matinée à Kilada, pour faire une surprise à George qui a sorti son voilier sur un chantier,. Hors le fait d’être heureux de revoir notre ami, cet arrêt devrait nous permettre en début d’après midi de profiter d’une belle brise de mer pour rejoindre notre mouillage. Peine perdue, la brise s’annule avec un vent dominant contraire et cette fois encore nous naviguons presque les trois quart du temps à la risée diesel. Héphaïstos fait tourner ses forges à fond et il a oublié d’avertir Eole qu’il fallait aérer. Quelque marin se serait-il moqué de l’infirmité du maître des volcans, ce qui l’aurait mis en colère et aurait-il oublié de saluer le maître des vents avant de quitter le port ??? En tout cas ce n’est pas sur le Mayero que nous ferions ce genre de bêtises. En attendant nous souffrons et nous ne sommes pas les seuls : quand nous arrivons à Vivari, tout est désert. La sieste est pourtant finie. Les habitants sont cloîtrés chez eux et il faudra attendre 22 heures pour en voir quelques uns se risquer dehors et encore très timidement. Et tous ceux avec lesquels nous échangeons parlent d’abord de la chaleur et déclarent même que ce sont les journées les plus chaudes de l’année. Nous voulons bien les croire, mais ce n’est pas la première fois que ce genre de déclaration est mise à mal par la suite : il y aura encore des nouvelles canicules. Nous ne serons plus là pour en profiter : il est largement temps de rentrer dans notre douce et verte Normandie pluvieuse !
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