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Les voyages du Mayero

C'est le chantier !

Voyage 2018

Mots-clés : chantier

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C'est long et parfois fastidieux , mais c'est indispensable… et le beau temps est de mise. Il y a encore peu de monde sur les bateaux mais nous sommes entourés de deux équipages allemands qui préparent comme nous leurs voiliers. Le plus proche est ouvert et communicatif. L'autre couple n'a toujours pas répondu à nos salutations et travaille sans arrêt. Nous ne comprenons pas vraiment ce qu'ils fabriquent depuis tôt ce matin : l'homme est à l'intérieur de son bateau et met en route régulièrement un engin qui fait plein de bruit (un compresseur?) et après quelques minutes sort précipitamment dans son cockpit et siffle sa femme qui du coup monte rapidement à l'échelle... Puis utilise un sifflet pour donner ses ordres qu'il ponctue verbalement d'ordres gutturaux . Je fais part à Chantal de tout le bien que je pense de cette manière dont la dame se fait interpeller par son mari et lui propose de retenir ce système pour le Mayero, sans succès d'ailleurs…( je n'ai pas tout à fait compris pourquoi?!?) Mis à part ces interludes un peu perturbants, nous poursuivons la construction de notre plan de semaine avec bonheur. En fin de matinée , nous avons quasiment terminé et je commence à recopier au propre toutes les décisions que nous avons prises. C'est à ce moment qu'une forte explosion nous assourdis . C'est tout près et le souffle nous a quasiment paralysés… Mais très vite nous voyons une épaisse fumée sortir de tous les hublots du voilier allemand siffleur et nous voyons surgir dans la fumée une silhouette, gesticulant et criant à tout va comme un enfant , puis en chancelant il arrive à rejoindre son cockpit. Comme nos autres voisins, nous mettons un peu de temps à comprendre la situation car visiblement nous sommes choqués et ce sont des équipages plus éloignés qui interviennent le plus vite pour aider l'homme à descendre et le mettre à l'abri. Mais beaucoup reste à faire car le feu est à bord : des personnes arrivent rapidement avec des extincteurs, couvertures, nous passons nos tuyaux d'eau. Après un certain temps, impossible pour nous de l'évaluer car nous avons été vraiment groggy , nous retrouvons totalement nos esprits. Le feu est circonscrit et l'homme a été amené à l’hôpital, les personnes qui sont intervenues et les curieux ont quitté la place. Avec le couple allemand, sorti lui aussi de la sidération(*) lié à l'accident, nous pouvons prendre en charge la dame totalement choquée, en pleurs . Elle se remet progressivement grâce à un ouzo serré et peut-être nos paroles réconfortantes. Plus tard nous apprendrons que la victime , malgré ses brûlures aux quatre membres et la perte de ses cheveux et barbe, n'a pas de séquelles internes et pourra ressortir rapidement de l’hôpital à condition d'un suivi sérieux de deux semaines. Le voilier lui, est inutilisable : tous les aménagements intérieurs et les hublots ont été soufflés.Les responsables du chantier déplaceront le bateau le lendemain dans un endroit retiré. « Ni vu ni connu je t'embrouille » et plus personne n'abordera cette histoire les jours suivants. Le spectacle doit continuer… En écrivant cette histoire nous prenons conscience qu'aux premiers moments de l'explosion, les 4 personnes les plus proches dont nous faisions partie n'ont pas réagi sur le coup et que ce sont surtout celles qui se trouvaient un peu plus loin qui ont d'abord été les plus opérants. C'est une situation difficile à vivre et même à accepter car elle culpabilise . Plusieurs fois dans ma vie j'ai pris des initiatives rapides pour sauver des personnes en grande difficulté et cette fois là je suis resté quelque peu passif devant l'événement, du moins dans les premières minutes.
(*)En fait notre ami Jacques avec lequel nous échangions à ce propos l'explique par la sidération.
2ème jour : Jacques qui a mis à l'eau Belle Lurette quelques jours plus tôt nous fait la bonne surprise de mouiller dans la baie de notre chantier. Nous fêtons cet événement dignement. Et les travaux sur le Mayero avancent bien. Nous biffons même des tâches prévues pour les jours suivants…
3ème jour: Lefteris, le responsable des mouvements des bateaux nous déplace pour permettre la mise à l'eau le lendemain de voiliers situés derrière le nôtre. Notre nouvel emplacement est sur un lieu de passage assez fréquenté par les équipages présents sur le chantier. Je m'installe alors devant le bateau pour réaliser l'épissure entre notre nouvelle chaîne et notre ancien câblot… L’endroit devient rapidement le dernier lieu où l'on cause. Le matelotage intéresse, c'est évident mais c'est souvent un prétexte pour bavarder tranquillement avec les copains ou lier connaissance. L'anglais est souvent la langue utilisée mais certain(e)s essaient de se remémorer de vagues souvenirs de français ou utilisent le langage des mains pour accompagner des paroles incompréhensibles pour nous. Je ne suis pas sûr de tout comprendre mais la situation est plutôt cocasse même si parfois je me perds un peu dans mon travail…
4ème Jour : nous avons eu un peu de pluie cette nuit mais surtout du sable jaune sale du Sahara qui s'est déposé sur tout le Mayero. Avec le vent qui se lève l'après midi la poussière du sol du shipyard s'incruste partout, et essentiellement dans nos poumons. Vu la quantité d'antifouling poncé qui traîne en dessous des bateaux , il ne faut s'étonner de voir notre ami Jacques venu nous saluer avant son départ, faire des allergies et pleurer toutes les larmes de son corps, à moins que ce ne soit la séparation prochaine qui le mette dans cet état … Autre joie de l'endroit : les bruits qui sont parfois insupportables quand tous les voisins utilisent en même temps leurs perceuses, ponceuses et autres engins du diable. S'y ajoutent à cette période de l'année, la stridulation énervante des débroussailleuses qui agissent dans tous les jardins alentours. La nuit autre ambiance : c'est un concert d'aboiements alimenté par les chiens qui gardent le chantier et ceux qui sont sur les bateaux avec leur propriétaires… Le positif de l'affaire , c'est que tout concourre à nous motiver pour mettre à l'eau au plus vite.
Heureusement il y a la taverne avec les copains le soir : nous partageons de super repas simples mais de bon goût chez Takis et Christina. Nous pouvons remercier nos amis suisses du Petzi qui nous ont amenés dans ce restaurant la première fois cette année…
5ème jour: Jacques est parti avec vent portant sur notre mouillage situé à environ 15 milles du chantier. Constatant un problème électrique sur le camper, nous avons décidé avec Chantal de reporter la résolution du problème après la mise à l'eau. Nous avons tellement bien avancé dans nos travaux que nous acceptons la proposition de Lefteris de l'avancer d'un jour. Nous partons faire les provisions… mais avant de ranger les bouteilles d'eau dans un des coffres prévus à cet effet, j'ouvre les vannes des WC et le levier de l'une d'elle casse. Impossible donc de sortir avec une vanne inopérante. Contacté le soir même alors que tout est fermé, le responsable du chantier, Yannis, me dit que tout sera réparé le lendemain matin,nous sommes un peu sceptiques.
6ème jour : Nous avions tort de douter. Un ouvrier est sur le bateau à 8 heures et tout sera terminé vers 11 heures. Lefteris nous mettra à l'eau à 14 heures. Aucune mauvaise surprise...Nous aurons une nuit formidable et j'aurai même le temps de prendre 2 bains. Auparavant nous passerons quand même la soirée à terre avec nos amis du Kerhune dans notre taverna favorite. Reste à résoudre le problème électrique sur le camper… Mais demain est un autre jour et notre ami Jacques sera de retour…

4 commentaires

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Rédigé par Manou le 15 mai 2018

Je rattrape le récit passé, digne des grands films d'action avec des méchants et des gentils, des cascades, des explosions, du suspens, de l'exotisme... Il s'en passe des choses autour de vous. Très divertissant, merci pour le dépaysement et le décoiffement.
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Rédigé par Camille le 14 mai 2018

Aaaah... A lire les derniers paragraphes, je me languis de la vie à bord du Mayero (bizarrement, le bruit des perceuses et des chiens m'a moins donné envie au départ !). Bonnes nav's, bon vent !
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Rédigé par Berthod Emile le 8 mai 2018

Un grand bonjour d’une clinique où je viens de me refaire faire un genou tout neuf. Dans quel chantiers avez-vous passé ce dernier hiver ? Amitiés helvétiques
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Rédigé par Cyrille le 7 mai 2018

C'est pas toujours simple de bien réagir, vite est de la bonne façon, le principal est que ce monsieur se remette bien. Pour vous apparemment tout vas comme vous voulez 😀 Nous sommes en Touraine pour la semaine, on profite du temps magnifique. Gros bisous.

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