Plusieurs fois dans l’année, il avait abordé le sujet en me parlant vaguement de tangon, de taud, de plage avant. Mais je ne comprenais pas où il voulait en venir. Je pensais que la préparation de ses examens le fatiguait, et qu’il avait besoin de détente. Mais j’étais inquiet tout de même… Et puis lors de notre premier mouillage, il s’est remis à m’interroger sur le tangon, la manche à air… Il commençait des phrases sans les terminer en déclarant que « non décidément, ce n’était pas la bonne solution!»
J’étais perplexe, je ne comprenais rien, mais je n’osais approfondir. Il repartait à l’avant du Mayéro et revenait de ses pérégrinations, l’air soucieux et abattu, se plaignant même d’avoir une boule dans le cou qui l’empêchait de tourner la tête. Et puis tout à coup, branle-bas de combat. J’entends de ma couchette où je m’étais étendu, des pas précipités, les bruits caractéristiques des drisses qui coulissent dans leurs réas, du tangon qu’on déplace, et enfin des appels joyeux à témoins pour constater les progrès. Le témoin, en l’occurrence la soeur, a l’air très moyennement satisfait de l’opération, car jusque- là, c’est plutôt elle qui utilisait l’objet. Enfin tout se calme, il n’y a plus de bruit. Je monte sur le pont et découvre à l’avant du bateau un aimable flemmard, allongé dans un hamac en train de lire tranquillement à l’ombre d’un taud bien installé.
Comme quoi l’hiver lui avait permis de chauffer ses idées pour goûter les plaisirs du farniente en été. Mais quel travail de réflexion et de mise en oeuvre!
Jean-Marie
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