Ce joli canote très bien entretenu par son propriétaire ne dépare pas à coté du nôtre. Nous partageons de bons moments avec ce berlinois qui parle un français sans accent, qui a passé beaucoup de temps en Normandie et en Bretagne et qui a plein de projets dans sa besace. Pour le moment il prend des cours par internet qu’il va enregistrer sur son ordinateur presque chaque jour. Un petit coup d’annexe et le voici sur son vélo pour rejoindre le bourg voisin et surtout le café sympa qui dispose en outre d’un excellent WIFI. La semaine passée, nous avons eu un temps de chien avec gros orages avec très fortes pluies et rafales qui n’en finissaient pas. Cloîtrés dans notre bateau, nous profitions de la nouvelle étanchéité du Mayero pour lire, préparer des petits plats et bricoler. Pas la déprime mais tout de même nous avions hâte de revoir le ciel bleu après quelques jours très humides et frisquets (12° dans le bateau). Pas vraiment moyen de rejoindre la terre car nous avons remisé le moteur de l’annexe sur le voilier pour éviter le pire : nous avons vu trop souvent nos dinghys se retourner en Grèce pour prendre maintenant nos précautions. Et vu l’état de l’épaule du capitaine , pas question d’utiliser les avirons. Nous restons donc consignés à bord un long moment. A la première bonne accalmie, trois petits coups sur la coque nous avertissent de la visite de Christian tout emmitouflé et capelé jusqu’aux oreilles : il se risque à aller en ville et se propose de nous rapporter l’essentiel. Son sourire nous fait du bien et nous passerons une super soirée ensemble dans son bateau chauffé… Il y a aussi George qui vient régulièrement à son bord , qui rapporte quelques outils, colles, morceaux de teck pour finir sur le Mayéro quelques travaux en cours. Il en profite pour prendre un café avec nous et organiser un repas dans un petit village reculé ou prévoir une balade à Nauplie .. Et puis les Trolliens qui viennent spécialement nous voir avant de remonter à leur hivernage près d’Eubée… Nous prenons nos habitudes et les saluts se font de plus en plus fréquemment depuis les bateaux de pêche qui partent les jours de beau temps et également de la part des terriens quand nous sommes sur nos vélos. Le capitaine a même un surnom donné par les riverains « Poséidon ». C’est flatteur pour un marin qui reste bloqué à son mouillage. Enfin bloqué, c’est un bien grand mot : nous sommes libres en fait et heureux d’apprécier les levers et couchers de soleil, les calmes après les coups de vent, les rayons revigorants après des journées grises et humides, les moments de solitude et de tranquillité fécondes pour se refaire une santé, la musique traditionnelle grecque qui tous les jours à 3 heures nous rappelle que notre radio se déclenche automatiquement et cela pendant 60 minutes (système pour ne pas rater la météo habituellement) ; les allers retours à terre pour faire notre eau, laver notre linge, chercher un peu de glace… Tout va bien pour nous, merci !
Balade à Nauplie: le jour des pensions
Dans le supermarché, nous voyons bien que l’homme devant nous à la caisse a bien du mal à comprendre la vendeuse qui lui demande si le paquet de pastilles qu’il tient dans la main est vide. Visiblement c’est le cas, et il est venu , semble t-il, pour acheter justement cette marque là: il y a trois paquets identiques sur le plateau caoutchouté prêts à être enregistrés. De guerre lasse car elle n’obtient pas sa réponse, la femme se contente de passer les trois articles sur le tapis et présente la note au client. Celui ci avec une infinie lenteur extirpe d’une main tremblante une liasse de billets de 50 euros de sa poche. Son épaisseur de plusieurs centimètres, nous surprend. Certes nous avons l’habitude de voir les grecs sortir de gros paquets de coupures au moment de payer, mais là, l’ancien fait fort… En fait nous aurons la réponse en rejoignant notre ami George à la banque, c’est le jour des pensions. Il y a foule en effet près des banques et tous ceux qui sont en retraite viennent retirer en liquide le montant mensuel versé par l’état. Les grecs n’aiment pas laisser leur argent sur un compte bancaire et préfèrent l’avoir en espèces sonnantes et trébuchantes dans leur poche. Comme c’est aussi le jour des taxes, ils en profitent pour s’acquitter de leurs dettes dans la foulée. De source sûre, toutes ces opérations pourraient s’effectuer par internet par exemple, mais cette façon de faire ne plaît pas du tout. Et puis les protagonistes de ces longues files d’attente n’ont pas du tout l’air de perdre leur temps : tous s’interpellent, discutent, s’embrassent et poursuivent la rencontre dans le café voisin quand ils en ont fini avec cette corvée. Les voitures sont mal garées , souvent en double file, mais personne ne s’énerve ou s’impatiente même si toute la rue est bloquée.. Un art de vivre qui nous est étranger dans le nord de l’Europe.
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