Le vent était si fort que nous n’avions pu trois jours durant retrouver notre ami italien, dont le voilier n’était pourtant pas trop loin de nous. Une rapide visite à la chora pendant une accalmie nous avait époustouflés. La montée dans des escaliers pentus et les abîmes vertigineux au-dessous du castro et des églises hautes perchées nous avaient laissé des images indélébiles. Mais nous savions que l’île ne pouvait se résumer à cette incartade et nous nous étions promis de revenir.
Encore une fois le temps nous est compté : un coup de sud assez violent est prévu dans les jours qui viennent et le port ne se prête guère à ce genre d’exercice. L’île n’est pas bien grande et le nombre d’habitants relativement réduit (environ 1000 âmes sur 70 km2). Mais comme toujours nous savons qu’il faut du temps au temps pour comprendre un pays. Ce sera donc pour une autre fois. En attendant, notre balade ne nous a pas déçus et les personnes rencontrées ont toutes été avenantes et ouvertes à nos questions. En deux mots le relief est très très accidenté, sans arbres ou presque. Il y a partout des murets qui suivent les courbes de niveau. Mais beaucoup d’entre eux ne sont plus entretenus. Régulièrement entre deux hauteurs impressionnantes, des vallées verdoyantes où s’écoulent encore à cette période de l’année des petits rus bordés de lauriers rose en fleurs s’élargissent progressivement jusqu’au rivage. Si les parcelles bordées de roseaux ne sont pas toutes mises en valeur, certaines bien irriguées sont dédiées au maraîchage, d’autres à la vigne. Le minerai de fer a été exploité jusque dans les années 50, et il reste encore de nombreux endroits qui témoignent de cette activité. Nous avons l’impression que toutes ces sociétés minières ont laissé le matériel en place : les wagonnets sur leurs rails, les camions, les débarcadères, les ancres sur la plage pour amarrer les bateaux, les bureaux, les ateliers… Le temps n’a pas encore vraiment fait son œuvre. Les saignées dans la montagne sont encore très visibles et beaucoup d’anciens collectionnent les lampes et outils de mineur, voire de gros blocs de pyrite. Bien sûr, certains îliens vivent à l’heure du tourisme mais ce n’est pas Mikonos et la crise est passée par là : le long des jolies baies au sable fin un peu éloignées du port, les carcasses de logements non terminés sont légion. Une ferme marine et un élevage semi industriel de chèvres prouvent à l’évidence que tous les Serifotes ne se contentent pas de cette manne. D’ailleurs dans les petits villages perchés à flanc de montagne, les habitants, dont nombreux semblent assez âgés, sont un peu hors du temps : la récolte des céréales s’effectue encore à la faucille, même si les paysans utilisent le 4X4 pour transporter les gerbes ; les petits jardins magnifiques font l’objet de tous les soins.
Nous aimons cette île pour ses couleurs, ses contrastes , ses escaliers et chemins pavés sans fin et le sourire des gens que nous avons croisés. Nous y reviendrons, c’est sûr.
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