Deux jours que je résiste, deux jours que je me refuse à admettre que le temps a vraiment changé. Quel contraste avec la semaine dernière quand le soleil était de mise et que les 26° s’affichaient dès l’aurore! Deux jours donc qu’il pleut : gros grains, crachins, orages, pluies sans discontinuer. Le port de Léonidiou, où nous pensions trouver refuge a la danse de Saint Guy et notre Mayero gigote dans tous les sens le long d’un quai râpeux. Nous avions pourtant pris la précaution de nous mettre « alongside », c’est à dire le long du quai, suivant en cela l’avis d’un équipage ami qui avait quelque expérience de l’endroit.Nous avions pourtant sorti l’arme secrète , en l’occurrence les ressorts amortisseurs pour éviter les à coups… Rien n’y a fait : la houle venue du large se répercute sans discontinuer dans ce piège à ondulations fortes. Le port comme tous ceux de la côte ouest de l’Argolide a subi de grands dommages il y a deux ans pendant une tempête d’hiver. La partie du quai neuf qui devait protéger le bassin est détruite. Ceci explique t-il cela ? Pas bien sûr… Le deuxième jour , pour garder le moral, nous avons profité d’une légère accalmie pour nous rendre à pied au bourg principal , distant de 5 km. Longues lignes droites sans fin , sans grand intérêt sous pluie fine, alors que je m’étais insuffisamment équipé, a contrario de Chantal, c’était pas trop malin. Le village est sympa et nous en avions un bon souvenir. Mais nous sommes quelque peu transis, même Chantal malgré sa prévoyance, pour en goûter tout le charme… Nous tentons de nous réchauffer en sirotant un petit café grec et en oubliant le verre d’eau glacée qui l’accompagne. Le cafeneion central que nous avons choisi pour se faire, est le rendez vous des anciens qui viennent en cet endroit chaque matin et chaque fin d’après midi pour tuer le temps. Les plus sociables jouent au Tavli, ou discutent sans fin, les autres seuls avec eux mêmes attendent sans doute le salut de ceux qui arrivent ou de ceux qui partent… Mais nous remarquons que tous ont délaissé les chemisettes légères et les pantalons de toile pour des vêtements plus chauds. D’ailleurs les magasins spécialisés ont mis les chaussures d’hiver à leur étal… Je ne vais pas pouvoir refuser plus longtemps l’évidence. De retour au port, Margaret qui tient une taverna, m’a reconnu et nous offre un sac plein de légumes de « son jardin, pour cuisiner dans le bateau, dit-elle ». Cela ne nous empêchera pas d’aller déguster, le soir, un excellent poisson « pêché par son fils ». Là encore, les rideaux transparents, censés protéger la terrasse du vent et de la pluie ne suffiront pas pour ôter cette sensation de froid humide qui m’envahit depuis un moment. Après 48 heures de ce régime, je craque et je m’habille en conséquence. Et comme une décision en appelle une autre, nous partons de ce mouillage inconfortable . Certes la météo est très moyenne : vent 5/6 debout, mer formée, horizon bien bouché, mais j’ai constaté ce matin que 3 protèges pare battages neufs sont arrachés et que deux amarres pourtant fourrées ont ragué et sont bien entamées. La traversée est assez mouvementée, fraîche et humide. Mais quel bonheur d’arriver dans une baie incroyablement calme après le shaker que nous venons de vivre ! C’était une bonne décision. Mais je n’ai pas remisé pour autant ma tenue d’été : l’espoir fait vivre, surtout en nous remémorant le temps chaud qui nous avait accompagné l’an passé , à cette même époque.
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