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Les voyages du Mayero

Les rencontres qui ont compté: la Tunisie

Bateaux-amis

Mots-clés : Chebba (la), Kerkennah, Salakta, Sidi Daoud, Tunisie, Zarzis, bateaux amis

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Les copains de Sidi Daoud: , Il n’était pas facile de rentrer dans ce petit port du nord de la Tunisie. Mais il était devenu une escale obligée et pendant plusieurs années de suite, l’équipage du Mayero a entretenu de nombreuses amitiés. Nabil et son copain Sallah habitaient à 8 km à pieds du port. Ils leur arrivait de faire 3 allers et retours dans la journée. Nous avons compris avec eux le plaisir de se déplacer de cette façon. Nous avons été invités souvent par la famille dont les fils étaient maraîchers et travaillaient leur terre avec les mulets . Ils utilisaient le système d’irrigation mis au point par leurs ancêtres et obtenaient 4 récoltes par an. La première fois que nous y sommes allés, nous avons bénéficié de l’invitation arabe: pendant trois jours, nous avions juste le droit de regarder. Heureusement ensuite et à chaque fois que nous les avons revus, nous avons pu les aider à la cuisine et à la ferme : pendant que Jean-Marie essayait de maintenir le soc dans le sillon ou ramassait les poivrons, Chantal découvrait tous les secrets d’un bon couscous ; Emmanuel apprenait des rudiments d’arabe ou partait à la pêche de nuit. Nicolas, lui, jouait à la Skoba avec les habitués du café du port sous le regard bienveillant du jeune patron et s’en payait de bonnes avec son ami Mohamed. Nous avions du bon poisson tous les jours, car le Mayéro s’était transformé en école de navigation pour les pêcheurs du port, expérience que nous renouvellerons par la suite dans d’autres ports.

la famille de NabilNabil apprend des rudiments d'arabe à Manou Mohamed, l'ami de Nicolas

“Monsieur Châabane” nous fait un petit cadeau chaque jour: un petit bouquet de jasmin, un petit oiseau fait de coquillages, un panier de figues, des poèmes, des bols , des assiettes… Cette année il a été lauréat du concours de poèmes de Salakta où il vit. Pour le remercier, nous avons essayé d’obtenir l’ autorisation d’ emmener sa famille sur le Mayéro pour faire une promenade en mer. Papa a même rencontré le gouverneur régional. Mais cela n’a pas marché. Je passe beaucoup de temps avec mon ami Kamel alias Tom Sayer qui sait tout faire, le fils de monsieur Châabane. Marion est très amie avec Délel, la fille, même si elles ne parlent pas la même langue… Nous nageons, faisons des concours de plongeon, pêchons, avec plein de copains. Quand nous avons bien nagé, les parents nous préparent à manger. Mes copains refusent au début et ensuite ils mangent tout (extrait du livre de bord de Nicolas )

Monsieur Châabane organisait de nombreuses activités pour les jeunes dans le portNicolas avec son copain Kamel, fils de monsieur ChabaneMarion et sa copine Delel, fille de monsieur Chabane Nicolas avec ses copains de Salakta

A Salakta le capitaine avait appris à Abdallah la navigation, comme à d’autres d’ailleurs. Ces leçons avaient porté. L’année suivante il nous apprenait qu’il avait fait de la prison et la police avait confisqué son bateau: fort des leçons que nous lui avions prodiguées, il avait embarqué près de 20 immigrants sur Lampédusa. Trop bavard et très naïf, il s’était fait prendre au retour. Inutile de dire que le commissaire qui était au courant de tout, ne nous avait pas à la bonne!

Abdallah et le capitaine

La famille de Moktar à la Chebba, . 4 enfants sur cinq étaient sourds et muets. Mais tous savaient communiquer avec leur langage et ils se faisaient bien comprendre dans tout leur quartier… Contrairement à beaucoup de tunisiens, Moktar et sa femme se sont mariés par amour. Ils étaient très libres dans leur paroles et leurs gestes. Ils montraient facilement leurs sentiments. Nous avons partagé leur vie quotidienne à plusieurs reprises et étions merveilleusement reçus. Ils nous emmenaient partout: dans leur famille, chez les amis, dans les mariages… Malheureusement Moktar a eu un accident dans son restaurant avec de l’huile qui s’est enflammée. Il ne s’en est jamais remis et il s’est suicidé l’année suivante.

Moktar nous emméne à la plage pour chasser le poulpe et les manger en couscous Marion avec Amen et sa soeur Nazilla nous invite à un mariage

Sadok, de Zarzis, gardien de chalutier. Il chassait les intrus à coup de bâton. Pour notre bonheur , il nous avait pris en amitié; il surveillait notre Mayéro durant nos absences et nous invitait presque chaque soir à partager son couscous. Il ne parlait qu’en arabe mais Jean-Marie le comprenait très bien, au grand étonnement de tous ses proches. Plus tard, nous l’avons revu dans d’autres ports, notamment à Gabes où il exerçait le même métier.

Sadok nous reçoit sur le chalutier  dont il est le gardien repas familial avec Sadok

Abdhelazak de Salakta le responsable de la pêche au mulet. Cette pêche qui s’effectue en automne peut réunir jusqu’à quarante bateaux et s’appuie sur la pose de plusieurs dizaines de kilomètres de filets. Il faut donc un homme d’exception pour coordonner sans heurt toute cette opération qui profite de la migration de ces poissons et qui ne dure que quelques jours. Et Abdhelazak s’y employait merveilleusement bien. Une grande partie de l’année, il préparait et vérifiait le matériel quand il n’était pas parti sur un grand thonier où il jouait le rôle de Joker. Jean-Marie l’aidait parfois et comme il ne craignait pas la police il l’invitait sur son bateau à la nuit tombée pour chanter et boire tout son saoul avec ses copains. Il y avait un seul verre mais beaucoup de bouteilles. Et au début Jean-Marie qui ne connaissait pas la manière très compulsive qu’ils avaient de boire, avait gardé trop longtemps le flacon pour lui. Le malaise, puis l’énervement commençait à s’ installer sérieusement et il a fallu toute la diplomatie d’Abdhelazak pour nous sortir de ce mauvais pas. Quand l’effet du vin se faisait sentir, il chantait d’une si belle voix, que tous les assoiffés en oubliaient de boire et l’écoutaient avec ferveur et respect. Ces nuits passées sous les étoiles comptent, sans aucun doute, parmi les plus belles du capitaine.

Abdhelazak , au chant ensorcelant

   

Madame Bouri vit dans les îles Kerkennah. C’est la seule patronne de pêche qui existait alors en Tunisie. Comme elle ne trouvait pas d’équipage, Philippe et Jean-Marie sont devenus ses matelots… Ils en ont bavé, et leurs efforts n’ont pas été couronnés de succès. Franchement cette capitaine aussi extraordinaire était-elle, n’était pas douée pour ramener des poissons. Mais il fallait la voir arriver en femme sur son bateau et se transformer dans sa cabine en vieux loup de mer, clope au bec et se tapant du whisky, jurant et crachant pour comprendre que nous n’avions pas perdu notre temps…

madame Bouri la seule patronne de pêche en Tunisie

Djellele de Zarzis était plongeur professionnel à Zarzis. Nous l’avions croisé à plusieurs reprises et nous nous étions liés d’amitié. Victime d’un grave accident de plongée et ayant appris qu’Emmanuel voulait faire le même métier, il nous avait invités chez lui à Djerba car il tenait à l’ avertir des dangers de la profession. Homme libre et fier, il souffrait car il avait dû interrompre son travail et en était réduit à tenir un débit de boissons où venaient s’aviner les libyens voisins. Jean-Marie l’a même aidé plusieurs soirs de suite dans son nouveau job et effectivement ce n’était pas jobart. Nous croyons que ce qu’il a confié à Manou a du lui servir. En tous cas merci à lui…

Djelléle le plongeur qui tenait tant à voir Manou

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