Et pour ne rien oublier Chantal marque dans le sien et moi dans le mien… Ainsi nous avons tout l’hiver pour trouver le matériel et réfléchir à la mise en œuvre...Nous revenons gaillards au printemps avec deux caisses pleines dans le camper sans compter les commandes effectuées sur place auprès du ship local. Reste donc à réaliser le programme établi. Il y a une certaine souplesse dans l’ordre suivi pour effectuer les différentes tâches et c’est bien là le problème : tout ce qui est indispensable et facile à faire dans la liste est biffé très rapidement et bien sûr ce qui demande le plus de techniques et qui présente le plus d’aléas est reporté en fin de préparation… Nous avons toujours de bonnes raisons de laisser un reliquat : « ce n’est pas si urgent … nous n’avons pas le temps cette année… nous ne sommes pas au point… le matériel acheté n ‘est pas vraiment adapté... ». Bref nous avons beau marquer au stabilo jaune tout ce qui reste à faire pour la prochaine fois, il y a un moment où il n’est plus question de repousser la besogne. Finis les tergiversations, les bonnes raisons, les faux semblants… Nous ne pouvons indéfiniment remettre certains travaux qui sinon, risquent de nous mettre en difficulté en mer. Et cette année la priorité des priorités c’est de remplacer l’émerillon d’enrouleur de génois. Cette pièce qui l’air de rien ne paye pas de mine est essentielle pour hisser le génois et si ses roulements à billes n’agissent plus pour une raison ou une autre (sel, sable…), la voile ne peut plus s’enrouler… C’est ce qui nous était arrivé , il y a quelques années… Nous avions dû la descendre en catastrophe et la remplacer par un petit foc sur un étai volant… Heureusement le temps était maniable… Et nous avions pu résoudre en partie ce dysfonctionnement en injectant du produit à vaisselle dans l’émerillon et en rinçant abondamment. Mais la pièce restait fragile et il fallait bien la changer.A l’automne, la résolution est prise, il suffit de s’y mettre. Plus facile à écrire qu’à faire… Exprimé comme cela , tout paraît simple… Mais si depuis des années , nous avons renâclé comme un âne qui recule, ce n’était pas par hasard : le modèle d’enrouleur sur le Mayéro n’existait plus et les pièces assez difficiles à trouver ; l’extraction des roulements n’est pas aisée , surtout en dehors du bel atelier dont nous disposons à domicile, l’opération demande à travailler sur l’ensemble du gréement ; et nous n’avions pas parmi nos copains des marins ayant l’expérience dans ce domaine… Et surtout , l’enrouleur continuait à fonctionner, même si ce n’était pas de façon satisfaisante… Mais quand c’est décidé , c’est décidé.
Durant cet hiver nous avons étudié toutes les fiches techniques, lu et relu les forums, échangé avec le fabriquant à de nombreuses reprises, pris contact avec deux voiliers, trois revendeurs , le ship grec… et nous avons choisi de remplacer la pièce complète issue d’un modèle plus récent. Cela nous a coûté un bras mais du coup la motivation pour s’y mettre a décuplé.
Sauf que… Sauf que nous avions laissé quelques travaux à réaliser par notre chantier (peinture antifouling, changement des vannes en laiton complètement corrodées par des nouvelles en inox…) et qu’à notre arrivée , pendant un week-end, je constate que certaines vannes n’ont pas été raccordées aux tuyaux du cockpit et comme je sais qu’il a beaucoup plu cet hiver en Grèce, je crains le pire. Et malheureusement je n’avais pas tort. La cale est inondée jusqu’en dessous du moteur. Le responsable du chantier averti pas nos soins , arrive illico presto et se confond en excuses. Il faudra attendre le lundi pour que les gars du chantier remettent de l’ordre et enlèvent les 600 litres d’eau qui se sont accumulés dans les fonds. Heureusement le moteur n’a rien mais l’humidité interne pendant plusieurs mois aura des conséquences à long terme. Le moral au plus bas, notre ami Jacques vient passer le dimanche avec nous pour nous soutenir. Il nous conseillera même un bon truc pour préparer notre chantier enrouleur : verser la veille de l’eau bouillante sur toutes les parties à dévisser sur le pont afin de dissoudre le sel sur les filets… Ce sera bien utile, même si le WD 40 sera un bon complément. Malgré tout, notre enthousiasme est un peu refroidi car nous avons perdu pas mal de temps avec cette affaire. Et je commence à dire à mon équipage que nous n’aurons peut- être pas le temps de régler le problème de l’enrouleur avant la mise à l’eau. En fait nous avançons bien… et il nous reste un jour entier pour nous y mettre. Mauvaise nuit pour le capitaine qui a tout essayé pour surseoir à la tache : prise de mesure exactes de la pièce en espérant qu’elle ne s’adapterait pas au profil du tube ; relecture de tous les documents pour chercher la faille ; mal de dos inopiné pour justifier le report. Mais rien n’y fait et le matin il est tôt levé pour résoudre le problème. Seul, il réussit à débloquer le ridoir du pataras pour le détendre (câble soutenant le mat depuis l’arrière du bateau). Il lui faut presqu’une heure et demie. Nous ne sommes pas sortis. Heureusement Chantal vient le rejoindre pour l’opération la plus délicate : après avoir souqué le mat à l’avant avec des drisses de focs, nous arrivons , non sans mal, à dévisser complètement le ridoir de l’étai et le tambour de l’enrouleur (Voir schémas). Pas moins de 2 heures et demi pour trouver toutes les solutions. Notre voisin de chantier, charmant au demeurant passe souvent, donne son avis, pose des questions… Nos réponses sont sibyllines et pas tellement avenantes, qu’il m’en excuse … Nous sommes concentrés et tendus tout de même… C’est pas le moment… Enfin , c’est ma façon d’opérer et aussi celle de mon équipage. C’est tout de même le point d’orgue de cette semaine de réarmement et le gréement c’est essentiel sur un voilier… Ensuite ce qui nous paraissait être la phase la plus délicate à mettre en œuvre , le remontage de l’ensemble a été un jeu d’enfant. Après une pause bien méritée, nous avons tout fignolé et les essais avec la voile se sont avérés concluants. On se demande bien pourquoi le capitaine en avait fait toute une histoire...
7 commentaires
Rédigé par LAURENT Bernard le 24 juillet 2020
Rédigé par Jacques Haberkorn le 5 mai 2019
Rédigé par FERRARI François le 4 mai 2019
Rédigé par celine behier le 1 mai 2019
Rédigé par Nico le 29 avril 2019
Rédigé par Cyrille Devigne le 29 avril 2019
Rédigé par andré montais le 29 avril 2019
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