Nous restons en veille car il tire , quand c’est possible, des bords entre les gros cargos qui montent et qui descendent pour rejoindre ou quitter la Turquie ou les pays de la mer noire. A un moment il en a compté jusqu’à 11 à la fois… Comme il l’écrit dans un de ses nombreux messages : « 2019, annus horribilis... » . Parti seul, à étapes forcées , à Limnos dans le nord de la mer Egée il y a deux semaines pour réaliser un rêve, il a essuyé au mouillage, coup de sud sur coup de sud et a même dérapé sous grosses rafales ; il a eu froid, ne s’est pas baigné une fois et n’ a quasiment rencontré personne ; puis ralliant le port principal, tenant absolument à déclarer son voilier pour payer la nouvelle taxe, il a pris contact avec les gardes côtes et en rejoignant la banque pour payer son dû , s’est fait voler son portefeuille avec ses papiers et sa carte bleue . La police, l’ayant quelque peu découragé quant au résultat de l’enquête , il décide alors de faire du sud soit pour nous rejoindre, soit pour retourner à son chantier en Argolide. Il rejoint alors directement Skyros, dans les Sporades. Il repart le lendemain pour Andros. Et alors que nous pensions qu’il pourrait nous retrouver sur Paros : nous recevons un message laconique : « pas super : panne électrique moteur plus rien... » A 15h 49 : « planté entre les deux rails. 1,5 nds. ça craint…
Quasiment toutes les deux heures nous échangeons un petit SMS… Juste pour maintenir le lien, et surtout nous rassurer…
A trois heures du matin donc, notre marin intrépide , est sorti du détroit et comme le vent est tombé, il décide de s’octroyer un peu de sommeil.
8H10
« Cela va ?? »
« Je descends sur Macronisos/ Kea. NW 1/2 faiblissant. Je vais rebouchonner »
« Fais gaffe quand même un vin qui bouchonne n’est jamais très bon... » (référence faite au vin qu’il ramène de France qu’il préfère largement aux vins rouges grecs…)
« Y en a plus. Tout bu pour remonter le moral ! »
Visiblement notre interlocuteur garde la forme.
Et il a délaissé le port de Karistos sur Eubée pour poursuivre sa route.. . Assez têtu le jeune homme… Mais si à 10h26 il fait 3,5 nds dans la bonne direction , à 11 heures « ...plus de vent !»
Ce matin, avec le Mayero, nous avons rejoint la grande baie de Naoussa pour être mieux protégé du vent de 6 annoncé mais aussi et surtout pour tenir compte du lieu de RV que nous lui avions proposé. Il y a peu de chances que maintenant il choisisse cette option .
En effet à 18 heures le deuxième jour
« Alors ??? »
« Me suis lancé dans la traversée du golfe Saronique,.2,3 nds. 9 milles pour Georgios. Voili voilou. »
Bon cela ne nous étonne pas vraiment qu’il continue sa route vers l’Argolide malgré les conditions incertaines: il avait déjà fait le coup il y a quelques années quand son moteur l’avait déjà lâché et qu’il avait entrepris une balade erratique sans vent pendant plusieurs jours entre Syros et Paros… Malgré tout , même si nous lui faisons confiance, nous n’avons pas le même sentiment par rapport aux nombreux ferries et cargos qui naviguent souvent sous pilote automatique et il n’a pas fini d’en croiser sur la route qu’il a décidé de poursuivre .
Le 3ème jour à 7h30 il est encalminé à nouveau pas loin d’Hydra. « Rouli roula. 0,5 nds de courant vers l’ouest. Quelques ondées passagères sans vent. Patience ! » , écrit-il… A moins de 100 milles de l’endroit où il se trouve, nous, nous avons encore 6 au mouillage comme toute la nuit. Incroyable mer Egée ! Un peu plus tard, nous lui conseillons un excellent électricien bateau sur sa route pour un dépannage express. Il nous remercie mais le diable d’homme continuera certainement sa route, même si Eole ne se lève pas . Il a réussi à dormir 4 heures cette nuit.Il lui reste encore un peu moins de 40 milles à effectuer : à ce rythme là , il en a encore au moins pour 24 heures Donc tout va bien !
15h 30 nouveau message « Cap sur Spetses. S 3 /4 » Eole se réveillerait-il ?Oui ! Le SMS suivant le confirme « Fraîchissant... »
17h 42 Enfin il s’arrête « A Porto Heli pour une bonne nuit de sommeil réparateur. »
Après 60 heures, deux nuits et tout de même 180 milles effectués malgré les vents volages… Nous sommes sûrs qu’il en est ravi et que dans le fond , c’est exactement ce qu’il recherche ce vieux bandit. Bravo , mais il a quand même mis le paquet pour que nous nous inquiétions pour lui !
Sinon à bord du Mayero, nous ne manquons pas d’activités.
La semaine de la Pâque grecque nous avons remis en état notre mouillage ; la question reste posée : faut-il le conserver ?
Le fil à la patte du caméléon.
Quand nous ne sommes plus sur notre mouillage, nous posons objectivement tous les aspects de l’équation et nous envisageons sérieusement de nous en séparer…
- nous hivernons maintenant le Mayero beaucoup plus loin et il nous faut 2 ou 3 étapes pour le rejoindre
- il faut pas mal de temps pour l’entretenir pour une présence de plus en plus épisodique
- cette irrégularité nous joue des tours : utilisation sauvage de la bouée avec casse du matériel ; installations de nouveaux mouillages trop proches du nôtre..
- et surtout plus de surveillance formelle du Mayéro depuis que notre copain est parti dans le nord de la Grèce avec son voilier…
Il paraîtrait donc logique de mettre un terme à cette belle expérience et de céder la place à plus intéressé que nous.
Oui mais… Tel le caméléon, qui change d’aspect en changeant de lieu, une fois sur place, malgré tout le travail pour refaire l’annexe en dur, pour reprendre la bouée et l’identifier, vérifier les bouts, les manilles, les émerillons … nous retombons sous le charme du lieu : les pêcheurs qui nous saluent gentiment, la dame du restaurant et les gérants des petits supermarchés qui nous accueillent avec plaisir et qui nous offrent le petit cadeau de bienvenue et le calme du lieu. Sans compter que depuis il a bien servi à au moins deux voiliers copains …
Poséidon a encore frappé !
Il est écrit, par ailleurs que Poséidon n’en avait pas fini avec nous : si la fuite semble stabilisée et ne mérite même pas un coup de pompe quotidien, lors de notre première étape vers les Cyclades et quasiment au même moment, les toilettes ont refusé de fonctionner et le contact de descente de la chaîne de mouillage est tombé en panne.
Pour ce qui concerne les toilettes, après avoir vérifié la pompe qui ne présentait aucun défaut, Chantal s’est rappelée qu’il y a quelques années un poisson trop curieux s’était trouvé happé dans le tuyau de prise d’eau de mer et qu’il avait fallu le repousser à l’aide d’un gros fil électrique multibrins. Sans aucun doute c’est ce qui est arrivé, car renouvelant l’opération, l’eau a pu remonter dans la cuvette. Malheureusement , j’avais voulu un peu trop forcer (un peu beaucoup d’accord…) et j’avais fendu l’abattant et du coup la pression pour faire remonter l’eau avec la pompe n’était plus suffisante… Nous sortons le produit magique, le même qui nous a permis de stopper la fuite et après 48 heures de séchage, nous remontons le tout et tout est à nouveau opérationnel (ou presque…)
En ce qui concerne le contacteur, nous en retrouvons un dans les réserves mais le montage précédent effectué par nos soins a été bien isolé (hé oui, nous nous étonnons souvent de la qualité de notre travail...) et l’intervention va demander la neutralisation de l’ensemble pendant un moment. Il reste la commande de cockpit et nous effectuons la descente de l’ancre en débloquant le barbotin du guindeau.
Il n’y a pas que les dieux pour perturber le marin !
Mais le pire du pire, ce n’est pas l’oeuvre des dieux mais bien celle des hommes malheureusement. Ils ne savent plus quoi inventer pour rendre la vie du marin impossible : une nouvelle taxe va s’appliquer sur tous les bateaux naviguant dans les eaux grecques. Bon jusque là, depuis que cela nous pendait au nez, il n’y a pas de surprise ! Le problème, doux euphémisme , c’est l’enregistrement du bateau sur un logiciel incroyablement mal fait, ouvert plusieurs fois et refermé aussitôt pour « maintenance » (sic). Tous les copains en parlent et beaucoup se sont déjà cassés les dents à essayer de remplir le formulaire. Fort des conseils de ceux qui ont quand même réussi, nous nous sommes lancés ce matin. Après 5 tentatives, nous laissons tomber ; il reste encore la solution d’aller directement chez les gardes côtes avec un imprimé rempli (où le trouve t-on??? Comment l’imprime t-on à bord ???) . Quand cette première étape sera réussie, nous obtiendrons un numéro ; ensuite nous avons 72 heures pour faire effectuer le versement par notre banque en allant dans une banque grecque. Et tout doit être fait pour le 18 mai, sinon les amendes vont tomber…
Honnêtement nous pensons que cette vaste mascarade mal préparée par des individus, sûrement très contents d’eux est indigne… Et eux ils ne seront même pas punis pour leur incompétence...
6 commentaires
Rédigé par Marie-France et Thierry le 18 mai 2019
Rédigé par Eliane et Jean-Yves le 18 mai 2019
Rédigé par Nico le 16 mai 2019
Rédigé par Jean Lechartier le 15 mai 2019
Rédigé par Cyrille Devigne le 15 mai 2019
Rédigé par Cyrille Devigne le 15 mai 2019
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