Depuis nous avons appris qu’il y avait une marina pas trop chère et bien gardée. Nous tentons le coup. (1)
Nous en avions une énorme envie : les fromages de Naxos sont fameux et nous savions que cette île quasi agricole, très peu tournée vers la mer, valait le détour. 20000 habitants, sur 450 km2, y vivent pratiquement de façon auto suffisante, ce qui attisait notre curiosité. Bien sûr,il y a le tourisme mais il est très récent. L’explication est ailleurs:elle est riche en eau, contrairement à toutes ses voisines et l’agriculture et le maraichage sont florissants. En plus des innombrables troupeaux de biques et de moutons, il y a beaucoup de vaches, des champs bien arrosés et des jardins en espaliers bien entretenus en général. Les vignes sont légion et le vin légèrement muscaté est vraiment bon. Mais l’économie de Naxos repose également depuis l’antiquité sur l’exploitation du marbre. En effet depuis le VIIe siècle avant JC, les grecs utilisaient cette matière première de renom pour les sculptures : de nombreux kouros(2) sont issus des carrières de cette île . Il reste, près des anciennes carrières, des statues ébauchées qui n’ont pu être terminées en raison d’accident durant leur transport vers la côte. Le marbre est toujours exploité et exporté. Autre minerai extrait plus récemment : l’émeri. Les habitants de certains villages intérieurs comme Koronos , étaient tous des mineurs. Même si son exploitation est toujours d’actualité, les besoins d’émeri pour les abrasifs ont tendance à être remplacés par le tungstène par exemple.
Ce qui marque le paysage historique de l’île ce sont essentiellement les nombreux vestiges vénitiens ; ces italiens du Nord sont restés plus de 3 siècles et avaient très bien organisé le territoire. Nombreuses tours défensives et châteaux fortifiés quasiment imprenables, belles maisons aux linteaux sculptés dans la ville principale et constructions de murets un peu partout pour la culture en espalier (même si les vénitiens n’ont pas été les seuls commanditaires) . Témoin de cette influence toujours présente malgré l’occupation ottomane, certaines familles portent toujours un nom italien et la religion catholique est encore pratiquée à l’instar de Syros. Les églises et chapelles très anciennes sont magnifiques.
Les villages intérieurs sont des petits joyaux perchés pour certains à flan de montagne et surplombent de belles vallées vertes. Certes, certains signes ne trompent pas : maisons abandonnées, murets non entretenus dans les endroits les plus escarpés, vieux paysans utilisant encore le mulet ou l’âne… Mais la plupart des bourgs ont gardé une bonne vitalité : maisons neuves, ruelles repeintes à la chaux, belles oliveraies, magnifiques jardins… Notre préféré c’est Koronos ; le site est magique,les habitants sont charmants, les rues sont entretenues sans chichi et la taverne est extraordinaire. 
Le plaisir des randos : beaucoup de beaux circuits plutôt bien balisés qui empruntent souvent des anciennes voies empierrées . Des paysages qui changent en quelques kilomètres du tout au tout. Le service de bus de l’ile dessert bien certains villages d’où partent pas mal de circuits (comme Kalki)
(1)La marina municipale est pas mal même si certains ferries génèrent quelques mouvements désagréables. Le personnel est disponible et compétent. Le coût tout compris ne dépasse pas les 12 euros par jour. Il y a toujours moyen de mouiller gratuitement derrière le break-water qui protège bien du meltem .
(2) Kouros : statue statique de jeune homme qui peut atteindre 3 ou 4 fois la taille d’un adulte voire plus. Il y en avait beaucoup autour de l’Acropole d’Athènes. (visibles au musée de l’Acropole)
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