Sur le trajet pour éviter les vents contraires d’Amorgos quand on vient du Dodécanèse il faut remonter sur Patmos, comme nous l’avons fait puis filer plein Ouest sur cette destination, puis rejoindre les Petites Cyclades. Pas vraiment convaincus de l’option : du près serré pour monter, du prés serré pour faire de l’ouest et à l’arrivée des mouillages ventés et remuants qui nous empêchent de laisser le Mayero trop longtemps seul. Il faut savoir que l’est de Naxos n’a pas une très bonne réputation:les vagues sont plus violentes qu’ailleurs et une zone où Eole accélère la cadence d’un ou deux crans beaufort. Juste pour décrire le cadre. L’ambiance maintenant.
Samedi soir Donoussa
Nous ancrons dans la baie du nord est. C’est beau. Un petit village surplombe le fond de la baie Il y a une taverne qui semble ouverte.
Dimanche matin Denoussa
Nous débarquons sur la plage déserte. Le sable colle aux pieds. Nous rejoignons la taverne pour demander si le bus indiqué sur le panneau passe vraiment et s’il sera possible de manger dans cette auberge. L’agneau et le Kokoretsi sont surveillés par deux hommes. Tiens c’est vrai, c’est la Pâque Orthodoxe aujourd’hui, nous l’avions oublié. L’accueil se fait dans l’indifférence la plus complète. Nous commandons quand même un « hellenico skato », soit un café grec non sucré. Une vieille dame toute de noir vêtue, avec un chapeau de paille, arrive alors depuis la petite ruelle. Elle a deux cannes. Elle fait l’objet de toutes les attentions, ce qui est bien normal mais elle ne répond pas à nos saluts et commence un long échange avec les gens de la maison. Le moins que nous puissions dire, c’est qu’ils nous ignorent superbement. Seule, une jeune fille, qui nous sert le café, répond à nos questions mais son anglais est très limité. Les quelques mots de grec que nous connaissons aident bien.Quand nous demandons s’il sera possible de manger en ce lieu, nous n’obtenons qu’un petit acquiescement, après échange avec la patronne qui ne nous a toujours pas salués. Mais « plus tard ». C’est quand « plus tard » ? Pas de réponse… Au moment de payer les cafés, un des hommes qui surveillait l’agneau (c’est souvent la seule fois où un grec fait la cuisine dans l’année) n’essaie même pas de nous parler. Il écrit sur un papier sale la somme due ( c’est cher…) Surprise : il nous donne à chacun un œuf coloré de rouge sans plus d’explication. Nous faisons alors le rituel avec Chantal de frapper nos œufs l’un contre l’autre, comme cela se fait pour cet événement. C’est l’oeuf de Chantal qui n’est pas cassé : c’est bon pour elle… Je le montre à l’homme qui ne réagit pas et qui n’est même pas étonné que nous sachions nous y prendre avec son cadeau.Nous partons alors en balade sur le sentier qui serpente au dessus du village.Le paysage est magnifique : la petite vallée qui s’étale autour des maisons est bien cultivée et nous voyons que la moisson a déjà commencé. Il n’y a personne dans les champs et les maisons bien qu’habitées pour certaines d’entre elles semblent vides. Nous repassons beaucoup plus tard devant la taverna, avec les mêmes protagonistes : pas un regard, une attention, un signe.. C’est bon , nous n’irons pas partager l’agneau pascal. Nous reprenons l’annexe. Arrivés à bord du Mayéro, nous remettons le hors bord en place et partons pour le mouillage sud près du village principal. Le vent est assez fort et les rafales dues à l’effet venturi sont fréquentes quelque soit l’endroit où nous passons . La crique repérée, il nous faut remonter contre un vent violent pour l’atteindre . Nous nous regardons avec Chantal : allons nous de Charybde en Scylla ?? Bon c’est plus calme en arrivant près de la plage mais la houle rentre bien et le Mayero tire méchamment des bords sur son ancre.Après quelques minutes, Je remets 10 mètres de chaîne supplémentaire « pour rassurer le capitaine » dit Chantal en souriant. Bon nous n’avons pas gagné grand chose au changement mais cela va poursuivre notre amarinement… Sur la plage, il y a quelques personnes mais peu se baignent car avec tout ce vent l’eau est froide. Qu’à cela ne tienne je prends deux bains et ça fait du bien.
Lundi matin Donoussa (Dendros)
Le lendemain nous tentons une sortie vers le village principal qui se trouve de l’autre côté de la crique, à une demi heure de marche. En prenant de la hauteur dans le petit chemin qui surplombe notre mouillage, nous sommes surpris par la beauté du lieu. En ce début de matinée, l’eau miroite et scintille autour du Mayéro en raison de la houle et des vagues causées par le vent. Nous atteignons le village sans difficulté. Il y a un peu de réseau pour capter internet et prendre ainsi la météo : il y aura du vent pour partir demain… Pratiquement personne et tout est quasiment fermé : c’est lendemain de fête ! Seule une petite ouzeri faisant fonction de supermarket est ouverte. Il y a quelques maigres provisions dans l’arrière salle mais rien qui ne nous interesse. La patronne, informe dans sa robe noire, sans âge, aimable comme un doberman grincheux nous porte deux cafés en haut de l’escalier. Il faut donc aller les chercher . Les tables sont poisseuses et les cendriers débordent. Service minimum donc. Chantal se hasarde dans les toilettes dont il faut prendre la clé derrière le comptoir. « Expérience rare, dit-elle, cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un endroit aussi dégueulasse ». Pendant ce temps je vois la maîtresse de ces lieux s’empiffrait avec une bouffe blanchâtre non identifiée et s’essuyer le museau à avec sa manche, digne des meilleures descriptions de Berthe Berrurier par San Antonio. Chantal reste optimiste et rappelle que la veille a du être bien arrosée. Quelques voitures arrivent doucement près du quai, plusieurs personnes s’installent nonchalamment aux tables à côté de la notre sans rien commander. C’est pas l’affolement, loin s’en faut, mais un réveil lourd comme celui qui suit une bonne cuite. Tout à coup nous voyons un homme qui descend précipitamment la rue avec un sac à dos ; pas de doute il va se passer quelque chose d’important. En effet un petit ferry fait son entrée. 2 ou 3 passagers descendent, l’individu au sac à dos monte. Pas d’approvisionnement, donc pas de tomates aujourd’hui. Tant pis nous avons trouvé un demi pain brioché et un peu de féta. Cela ira ! Un voilier sous génois passe devant le port et arrondit la pointe en enroulant sa voile. Il va donc dans notre baie. Chantal se moque un peu du capitaine qui ne peut complètement cacher son inquiétude : trouvera t’il de la place sans gêner le Mayero ? C’est vrai c’est un peu idiot de se poser ce genre de question, il y a de la place pour plusieurs voiliers. Mais c’est plus fort que moi, il faut que je me triture l’esprit.
Lundi soir Donoussa..
En rentrant de notre “périple en ville”, nous découvrons le voilier qui était entré dans notre baie. Il s’est sagement rapproché de la plage. C’est la Marmotte avec Jacques et Christa. Quand nous passons avec l’annexe ils ont l’air pas mal occupé . “Il y a un sacré vent” nous crie Jacques , “nous remettons de la chaîne” . C’est pas trop le moment de discuter surtout que les rafales ne nous aident pas à maintenir l’annexe près de leur bateau. Même pas le temps de se saluer correctement. Mais Jacques viendra nous chercher plus tard pour partager l’apéro. Sympa
Mardi matin Donoussa
Il est 7 heures, Marmotte nous salue bien, je les voie porter leur génois à moitié déroulé. Cela a l’air tenable mais ils sont vent arrière, Nous ne tardons pas à les suivre. Le mouillage est vraiment trop venté et inconfortable. Il faut s’extirper de ce piège à vent. Dommage nous n’aurons pas le temps de lier connaissance et de mieux comprendre la vie de ces îliens. Il y aura forcément moins de vent dans les Petites Cyclades . Mais auparavant nous devons remonter dans un vent de 6 avec une mer bien formée. Le Mayero se prend de sacrés coups de gite à cette allure de près bon plein. Nous filons entre 6 et 7 noeuds avec notre torchon devant.( Génois déroulé à demi…Chantal a du mal avec cette expression car il est tout neuf!) Rien ne bouge dans le bateau. Mais ce n’est vraiment pas la situation que préfère Chantal. Après 13 milles effectués en deux heures nous arrivons au sud est de Naxos et d’un coup Eole part en vacances ou presque. Il change carrément de direction en faiblissant nettement. Sans doute pour fêter notre entrée dans les Petites Cyclades.. Mardi Midi Skinoussa
Au mouillage, nous découvrons un berger et ses enfants qui fait prendre un bain à son troupeau. Il nous salue. C’est magique! .
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