Encore faut-il s’accorder sur l’essentiel: chaque voilier doit rester indépendant et leurs routes peuvent se séparer, se rejoindre selon l’envie et le rythme des équipages. C’est trop souvent une fausse bonne idée de compter sur l’autre pour la sécurité ou pour la découverte des régions visitées. Nous savons que les plus belles rencontres avec les habitants se font toujours en comité restreint. Comme le chantait Brassens , dans la “mauvaise réputation”, “A plus de 4 on est une bande de cons…
Il n’empêche, des liens durables avec des bateaux amis se sont noués et nous avons navigué avec certains d’entre eux plusieurs années de suite… Au delà du plaisir d’être ensemble, ces échanges sont indispensables pour évoluer, acquérir de nouvelles connaissances, développer de nouvelles techniques et découvrir de nouveaux horizons.
Il y a eu Marco l’argentin , que nous avions aidé à Cadix après sa traversée de l’Atlantique avec un Endurance 35 qu’il convoyait. Nous l’avons retrouvé à Ibisa… Arrivés de nuit,nous avons mis l’ancre à un endroit où nous étions sûrs de le revoir: le matin, en effet, il nous apportait un magnifique petit déjeuner avec son annexe. Il s’est installé par la suite en Nouvelle Calédonie. Il aurait voulu que nous le rejoignions là-bas… Nous avons eu des nouvelles quelques années plus tard par un Chilien, en Sardaigne, qui naviguait sur un petit voilier de 22 pieds et qui avait fait la fête avec lui lors d’une escale dans ce territoire d’Outre-Mer. Marco est ingénieur électronicien, il a construit un voilier de 22 mètres en acier pour venir en Europe, sans se rendre compte qu’il refaisait le voyage inverse de son grand-père qui avait émigré en Argentine quelques années plus tôt… Au cours de nos conversations il comprend le sens de sa démarche et décide de se séparer de son bateau coffre-fort qui lui pesait tant: il se sentait enfin libre…
Brian et Susie sur Riduna. Ces cultivateurs anglais ont tout vendu au moment de la retraite pour partir sur un voilier assez proche du Mayero. Nous avons découvert la côte est de la Sardaigne ensemble et les avons retrouvés quelques années plus tard à Syracuse sur un nouveau bateau de 38 pieds, suite à une forte croissance de la bourse (comme quoi il faut de tout pour faire un monde!). Plein d’humour et de tonicité, ils partaient sans arrêt dans l’arrière pays à pied. Nous tentions, un peu vainement il faut bien le dire, de leur inculquer quelques notions de français à leur demande. Susie de son côté essayait de corriger l’accent du capitaine… Nous avons bien ri ! Nous nous sommes entre-aidés à réparer nos bateaux après un gros coup de vent dans le port d’Arbatax : deux voiliers avaient d’ailleurs coulé ce jour-là. Nous avons souvent regretté que nos routes se soient séparées définitivement.
François , Marianne et Pauline sur Armyl. Nous avons écumé ensemble les côtes de la Sardaigne et celles de la Tunisie.Leur Kirié était vraiment bien adapté pour les croisières en Méditerranée. Basé à Toulon, nous pouvons certifier que leur bateau ne moisissait pas dans le port. Excellent pêcheur et plongeur, François a beaucoup appris à Nicolas dans ce domaine et nous avons découvert les oursins grâce à lui (notre annexe en a d’ailleurs gardé de mauvais souvenirs…). Nous avons vécu une nuit mémorable au cap Carbonara avec des vents très violents qui ont obligé l’équipage d’Armyl à rester à bord du Mayéro, pendant qu’un laboureur des mers chassait sur son ancre avec détermination. Dans le sud de la Sardaigne les baies sont ouvertes et peuvent donc devenir dangereuses; il était indispensable qu’un des capitaines reste à bord pour surveiller quand tous allaient à terre. Nous remercions François qui a joué souvent ce role Un jour dans le golfe de Tunis, alors que nous étions à la voile, il a attrapé et relâché après beaucoup d’efforts une immense daurade. Malheureusement nous n’avons pas de photos à vous présenter et pourtant il ne s’agissait pas de la sardine de Marseille (dont ils sont originaires…).Marion avait trouvé une grande sœur en la personne de Pauline. Nous gardons toujours de bonnes relations. Ils ont maintenant un Dufour 38. Bonne mer à vous deux puisque Pauline vit sa vie de son côté.
Marc a eu une place à part :prof d’histoire en rupture dès 1968, baroudeur et guide dans le désert , marin, il partageait sa vie entre le Mali, la Mauritanie , Nancy dont il était originaire et son catamaran anglais. Malgré et peut-être à cause de ses défauts (il buvait parfois trop et pouvait nous mettre dans des situations impossibles) il était notre ami. Virtuose de la bricole, il était capable de tout réparer à bord: poser une transmission de Lada entre sa barre à roue et ses safrans était pour lui un jeu d’enfant; mettre un moteur de Volswagen en lieu et place de l’ancien ne lui demandait qu’un jour ou deux. Son voilier était un bric à brac incroyable d’objets récupérés et d’outils bon marché. Il trouvait des solutions à tout. Il avait développé toutes ses qualités dans le désert et en particulier lors des premiers Paris Dakar. Capable de s’adapter à toutes sortes de conditions: il était, par exemple, un formidable cueilleur de champignons et nous régalait de ses récoltes quand il venait nous voir en Normandie. Jean Marie devait partir avec lui pour descendre une camionnette à Bamako. Il nous a appelé quelques temps avant pour nous annoncer avec des phrases hésitantes qu’il n’en avait plus que pour quelques semaines en raison d’une tumeur cérébrale maligne. Il nous disait adieu, regrettait de ne pouvoir réaliser nos projets communs et refusait qu’on vienne le voir… Plus que pour toute autre mort, la sienne a marqué Jean Marie de façon douloureuse et indélébile…
Christophe, Isabelle, Marion et un tout petit bout de Coralie sur le Stellina. Un bonheur de petits Suisses! Ils ont tout quitté pour vivre sur leur Trismus 37. L’humour décapant de Christophe réveillerait un mort .La joie de vivre de l’équipage a vraiment été communicative. Nous avons passé avec eux des moments inoubliables: pèle-mêle, parties de pêche à Taormina en Sicile (où Coralie a été conçue), retrouvailles sur Corfou, veillées sur la plage avec feux de camp et apprivoisement de jeunes renards et l’année suivante mouillage en duo sur le sud de Méganisi… Nous en passons et des meilleures…Cette rencontre restera une référence de voyage à la voile pour les enfants et aussi pour les parents. Nous avons toujours gardé des relations avec l’équipage que nous avons revu en janvier 2009 lors de leur année “sabbatique” en Suisse. Novembre 2009, avec un camion aménagé, ils sont repartis tous les quatre par le chemin des écoliers pour rejoindre le Stellina en Casamance. Nous espérons les revoir très bientôt et pourquoi pas tirer des bords ensemble…
Giovianni, Marie-Grazzia, Lorenzo sur Aurora, nos amis italiens. Rencontrés en 2003 sur Itaque, nous avons gardé d’excellentes relations jusqu’à ce jour. Nous les revoyons presque chaque année à Ancone où ils demeurent. Leur région est absolument magnifique et vaut vraiment le détour. Sur l’eau , nos routes sont souvent divergentes mais nous avons croisé Giovanni en mer Egée tout-à-fait par hasard, à Sérifos. Nous n’avons pu communiquer qu’à la VHF pendant plusieurs jours d’affilée car le Meltem était trop fort pour nous rejoindre et nos bateaux étaient fort éloignés l’un de l’autre… Cette famille est la générosité même et son hospitalité à la hauteur de la légende italienne en la matière. Exubérant et cabotin, Giovanni est capable de nous consacrer plusieurs jours pour nous faire découvrir son pays et de nous emmener (rarement heureusement) dans des plans galères mémorables. Le sens de la famille n’est pas un vain mot et nous avons parfois l’impression d’en faire partie. Marie-Grazzia adore parler le français même si ses connaissances scolaires sont assez oubliées. Sa cuisine est un art et sa bonne humeur communicative. Les filles du bord ont partagé des temps de jeux mémorables avec Lorenzo, dicos anglais, italien, allemand à l’appui. Ah au fait, ils détestent Berlusconi!
Le Parisis. Caroline et Gérard vivaient sur leur bateau à l’année. Vieux briscards des îles grecques et de la Turquie, leurs conseils nous ont bien aidés. Gérard avait été le pilote d’hélicoptère de Giscard puis avait été envoyé à Djibouti à l’arrivée de Mitterand pour servir le président de ce pays. Mais ce dernier avait une sainte frousse de ce mode de déplacement. Désœuvré, Gégé s’était tourné vers la mer et avait jeté son dévolu sur un bateau à vendre. Il l’avait remonté en Méditerranée, après l’avoir remis en état. D’où son goût pour la voile. Bons vivants et farceurs, nous avons eu avec eux les plus grands fous rires de nos voyages. Sauf quand Gégé s’est fait poignardé par un cinglé à Galaxidi dans le golfe de Corinthe. Sorti d’hopital, très choqué et affaibli, il a retrouvé son sourire grâce à un couscous qu’il avait commandé à Jean-Marie et qu’il adorait. Ils ont remis le pied à terre et vendu leur voilier en 2007, suite a un accident cardiaque du capitaine.
Pierre et Marie-Christine du Septentrion. Rencontrés dans le golfe de Corinthe nous avons navigué en duo dans les mers Saronique, Argolide et Egée sur plusieurs années. Nos amis nantais, originaires du Nord de la France, comme l’indique le nom de leur bateau, sont de compagnie très agréable. Marie-Christine fait des miracles pour élaborer des menus et la cuisine à bord est toujours succulente. Il nous a été toujours très facile de faire route avec eux. Curieux et cultivés,les échanges ont toujours été riches et intéressants. Les joutes oratoires entre capitaines sont franches et parfois homériques mais ne dégénèrent jamais. Ce sont d’authentiques marins: ils ont bourlingué à la voile dans les eaux européennes du nord au sud de l’ouest en est, de la mer d’Irlande, en passant par la Manche, l’Atlantique et bien sûr la Méditerranée occidentale et orientale. Ils content leurs péripéties avec beaucoup d’humour et de modestie. Ils ont toujours choisi des bateaux de taille raisonnable et possèdent actuellement un biquille de 9 mètres de type Biloup. Ce qui leur permet d’assurer sans difficulté l’entretien et les manœuvres dans les moments difficiles. Pierre, malgré ses déboires de santé, tient bon la barre. La façon de mener leur barque est exemplaire pour nous.
Philippe rencontré par Jean-Marie alors qu’il était en solitaire. Nous avons navigué ensemble dans le Péloponnèse. Arrivé en Grèce, il y a plus de 20 ans , il a passé six mois d’hiver en Crête dans la montagne et il est resté dans ce pays. Montagnard et skippeur hors pair, a séjourné également en Afrique dans le cadre d’ONG. Journaliste, créateur audio visuel, il a toujours mille projets en tête… Rigoureux et exigeant par rapport à la vie, il n’est pas toujours facile à suivre… Mais sa générosité et sa disponibilité en font un copain formidable. Il a changé de voilier et a maintenant un plan Caroff de 10 mètres en acier. Il compte se rendre en Patagonie à la voile… Sa compagne Katya est très accueillante et chaleureuse et nos échanges très riches. Seul bémol dans son histoire; il a fait l’acquisition d’un chien et nous restons persuadés qu’il s’agit bien là d’un fil à la patte pour un voyageur ! Ils nous ont reçus royalement sur Eubée, en 2009 et Philippe nous a prêté un mouillage pour l’été.
Thierry et Françoise sur Troll.Ils vivent sur leur voilier depuis quelques années et c’est une vraie chance de les avoir rencontrés. L’humour grand-guignolesque de ce capitaine est dévastateur et il faut vraiment être en bonne forme et inspiré pour en être à la hauteur. Il faut signaler que cet “ex” metteur en scène est lyonnais d’origine normande. Il aime toujours faire du spectacle et adore la crème, le camembert, et le cidre et le vin et tout ce qui est bon.. Champion d’informatique et de la confection de crêpes flambées à bord, totalement épris de sa femme et de son chien il n’a qu’un gros défaut: il perd absolument tout dans la minute, ce qui rassure Jean-Marie qui a enfin trouvé son maître en la matière … Françoise est toujours positive, patiente et pleine d’entrain. Elle semble toujours savourer la vie à petites goulées. Plus social que ce couple,Tu meurs! Nous avons navigué avec ce joyeux équipage le long d’Eubée et dans les Sporades Petite remarque: le vaurien à bord duquel Chantal a découvert la voile et les joies du cabanage avec son père s’appelait “Troll”: jolie coïncidence Allez voir leur site: lepetitmondedetroll.fr/
José et Anak. José qui a 63 ans a connu Moitessier, a navigué avec Anne de Kerkove à Ushaia. Il a inventé et commercialisé un système de caves à vins modulaires et a vendu sa boite pour vivre d’autres aventures. Se revendiquant patron de gauche, il fut l’un des premiers en Bourgogne à appliquer les 35 heures. Il a remis en état un Colvic : beau fifty conçu par un chantier anglais qui construisait auparavant des bateaux de pêche. Il effectue un tour de Méditerranée : il s’est déja rendu au Maroc, en Algérie, en Tunisie… Nous avons voilé ensemble le long d’Eubée et en mer Saronique fin 2009. Allez voir son site: www.anakonautes.net/
Cette rubrique n’est pas exhaustive et nous avons fait des choix, nous espérons toutefois que la liste continuera de s’allonger
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